Grdina / Lillinger : Duo Work
Le nom de Christian Lillinger est revenu plusieurs fois dans nos pages, que cela soit au travers de son projet Punkt.Vrt.Plastik ou avec les pianistes/claviéristes Elias Stemeseder et Michael Wollny. Le batteur/percussionniste allemand ne laisse personne indifférent, son jeu règne, impose, explose, implose parfois. Ardent, ardu, il mène l’arèdje ! Battante, martelante, tambourinante, sa faconde n’offre souvent que peu de répit à ses collègues de scène. Cet album le voit aux côtés du guitariste canadien Gordon Grdina pour une douzaine de compositions et improvisations compactes, incisives, taillées sur le vif, ne dépassant parfois pas la minute ou à peine. À deux ils remuent le sol et l’air, font beaucoup de bruit, et s’entendent comme larrons en foire. Ce projet est somme toute une émanation du quartet Square Peg qui réunit, outre Lillinger et Grdina, le violoniste Mat Maneri et le bassiste Shahzad Ismaily. Pour sa part, hormis la guitare qu’il manie avec brio, Grdina est un joueur d’oud (il sort ces jours-ci, dans un registre complètement différent, un album avec la vocaliste perse Fathieh Honari – voir chronique dans JazzMania demain). Ici c’est via une interface MIDI qu’il contrôle le plus souvent sa guitare. Son intervention sur « Gerhard » (en hommage au peintre Gerhard Richter) revêt d’ailleurs une dimension autant plastique qu’électrique, comme s’il avait voulu esquisser une toile. D’autres titres, comme « Encounters » ou « Traverse », sont de véritables délires sonores qui donnent au disque tout son allant.