Sophie Alour : Le Temps Virtuose
Découverte il y a déjà un petit temps chez nous dans le Ladies Quartet de Rhoda Scott, mais dont j’avoue n’avoir jamais fouillé dans la discographie de la saxophoniste-flûtiste française… mais ça va changer ! Car son dernier opus paru fin de l’année 2023 est une petite merveille, le genre d‘album qu’on se repasse en y découvrant chaque fois de nouvelles facettes, des couleurs surprenantes et des images qui vous projettent dans son univers poétique. Il y a d’abord cette étrange et belle pochette – dont elle nous parle dans l’entretien de ce mercredi -, puis un line-up inédit : un violoncelle (Guillaume Latil), un guitariste (Pierre Perchaud) et une batteuse (Anne Paceo). Voilà déjà de quoi ouvrir largement les oreilles et se rendre compte des multiples possibilités de cet assemblage. De virtuosité il en est surtout question dans la façon de faire chanter ce quartet à travers toutes les couleurs des instruments dans un voyage qui vous emmène en Orient, dans l’Afrique – « Ici et Maintenant » -, dans la musique celtique – « Vent Debout » -, le classicisme baroque – « Le Temps Cannibale » -, le rock – « Musique pour Messieurs » -, ou la bande-son d’un western – « Roulotte ». Ce qui pourrait faire craindre le touche-à-tout se révèle d’une superbe cohésion, résultat d’un travail d’équipe sur le climat et les subtilités de textures. Le travail d’Anne Paceo sur les peaux et les cymbales est tout simplement magique ; les variations de résonance des guitares de Pierre Perchaud, et l’emploi non conventionnel du violoncelle frotté, pincé, entre oud et kora, ajoutent à la personnalité de la saxophoniste-flûtiste. On aurait tort de définir cet album sous le vocable « wolrd music » tant les nuances et les couleurs lui donnent une touche si particulière : disons que c’est du Sophie Alour, et ça me donne l’envie irrésistible d’aller à l’écoute de ses albums précédents.
Retrouvez Sophie Alour en interview dans JazzMania ce mercredi.
