Kunde : Dandelion 

Kunde : Dandelion 

W.E.R.F. / N.E.W.S.

Cet album-ci sonne comme une entorse au règlement W.E.R.F. Pensez-donc, du hip-hop, pur jus ! Mais s’il fallait encore le rappeler aux plus sceptiques d’entre vous, l’alliance entre le rap et le jazz est évidente. Ces deux-là étaient faits pour se côtoyer, s’enrichir l’un l’autre. Comme la musique punk et le reggae. Deux styles que l’on suppose être antinomiques mais qui, en vérité, peuvent plaire aux amateurs aussi bien de l’un que de l’autre. Personnellement, et même si j’avoue ne pas avoir creusé le sujet profondément, j’ai découvert le rap et j’ai appris à l’apprécier en écoutant le soundtrack d’un film de Jarmush, « Ghost Dog ». Une bande sonore iconique parue à la toute fin du siècle dernier et sur laquelle se croisaient le Wu Tang Clan et The RZA. Je ne peux que vous en conseiller l’écoute… et de poursuivre avec « Dandelion ». Joram Kunde Boumkwo alias Kunde est un producteur et multi-instrumentiste belgo-camerounais qui a entrepris ici – au propre et au figuré – un voyage sur les traces de son père. Il s’agissait pour lui de remonter à la source, de s’en abreuver. De développer ensuite en mots et en musique son ressenti par rapport à son identité afro-européenne, aux effets du colonialisme, aux difficultés intergénérationnelles. Pour ce faire, « Dandelion » aligne quinze pièces qui oscillent entre trente-sept secondes et – pour la plus longue – un peu plus de trois minutes et demie. Non, la musique n’est pas nerveuse. Elle est entraînante et peut même vous emmener sur les traces de l’afrobeat, de la soul ou de la bossa nova. Kunde en a assumé l’exécution presque seul (on note juste la présence du batteur Pieter Vanoverberghe sur deux titres et du saxophoniste Creo Cristoria sur quatre autres). Avec brio ! Privilégiez le format vinyle !

Kunde en concert : Nuits Botanique (le 2 mai avec Togo All Stars) et RSL Jazz Festival (Roulers), le 25 mai.

Yves Tassin