Lady J Huston : Groove Me Baby
Earwig Music / UniSun Productions ‐ Références catalogue : CD EWR4980
Joyce « Lady J » Huston (chant, trompette, composition, direction musicale, arrangeuse et productrice, excusez du peu !) est un personnage hors du commun; c’est une enfant de la balle, elle fut amenée au chant et à la danse par sa mère, Loyce Pickens-Huston une chanteuse renommée à Saint Louis dans les domaines du Jazz, du Gospel et du Blues. Lady J fit ses débuts de chanteuse et danseuse dans des shows de sa mère, puis, encore adolescente, avec le pianiste Johnnie Johnson (ex-Chuck Berry), elle fit ensuite partie du band d’Albert King, pendant des années, comme trompettiste puis leader de la section cuivres avant de devenir son Directeur Musical et seule femme du band (1). Par la suite, elle s’installa à Las Vegas, forma son propre band, donnant des concerts sans relâche pendant 25 ans, multipliant Awards et récompenses comme le titre de « Las Vegas Queen of the Blues ». Depuis 2018, Lady J est revenue à Saint Louis et y a déployé une activité débordante en concerts et tournées. Pourtant, c’est son premier album et elle a mobilisé plus de 30 musiciens en plus du Jazz Edge Orchestra de Saint Louis pour mettre en valeur son chant, son jeu de trompette et de bugle (flugelhorn); elle a composé seule ou en collaboration 9 des 12 faces, du Rhythm & Blues triomphant, à savoir la fusion exacerbée des cuivres du jazz avec un blues bien trempé qui prend aux tripes comme « Your Call », cela swingue à tout va et casse la baraque et c’est le cas aussi dans « Hide-Away » (2) enflammé et slow au début avant de s’emballer avec violence et de finir apaisé ! Quant au titre éponyme, c’est du soul blues en slow, jubilatoire et exprimé avec conviction ; à noter encore « Messin’ ’Round on Da Bayou », du funk New Orleans inspiré par son drummer Jimmy Prima, neveu de Louis Prima ! Lady J reprend aussi 2 morceaux de sa mère : une version moderne de son « 500 Pounds of Good Gizzay » plus que coquin et « I Want a Man Like That » de Chick Finney (1963); dans le même domaine « olé- olé », on trouve « Mean Stud Lover’s Blues » (3), un bawdy blues comme les chanteuses de blues classique des années ’20 et ’30 aimaient déjà les chanter pour exprimer leurs appétits sexuels. Méritent aussi l’attention, « Corona You Made Me Sick », un slow blues ironique se référant à la pandémie covid, « At Last », en live, un hommage ému à Etta James et « Born Under a Bad Sign », un hommage enflammé à son ex-boss, avec les excellents Jason Cooper (gt) et Ben Shafer (sax ténor).
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(1) On peut la voir à l’œuvre avec Albert King dans le show télévisé du band intitulé « Maintenance Shop Blues », PBS Special , 1981 et dans des clips plus récents sur YouTube, « Groove Me Baby » et « Corona You Make Me Sick ».
(2) Au moins une face est déjà parue en single en 2019 : « Hide-Away » (une compo personnelle, rien à voir avec le hit de Freddy King).
(3) En 2 versions dont une instrumentale (avec chœurs et background).