Christian McBride & Edgar Meyer : But Who’s Gonna Play the Melody ?

Christian McBride & Edgar Meyer : But Who’s Gonna Play the Melody ?

Mack Avenue / New Arts International

Voilà un titre clin d’œil que confirme le sourire de Christian McBride sur la pochette : mais qui donc va jouer la mélodie ? Question qui pourrait paraître judicieuse quand on se confine au rôle essentiellement tenu par la contrebasse, mais qui, posée ici par deux maîtres de l’instrument, tient plutôt de la « private joke ». On ne présente plus Christian McBride, incontournable accompagnateur des plus grands : Hancock, Pat Metheny, Roy Haynes, Hubbard, Redman, mais aussi Sting, James Brown… Moins connu dans le monde du jazz, Edgar Meyer est d’un éclectisme plutôt impressionnant : Bach avec Chris Thile et Yo-To Ma, le Detroit Symphony Orchestra, Schubert, Bela Fleck,… Sur ce duo d’exception, toutes les facettes de la « grand-mère » sont passées en revue, de la plus grave à la plus aiguë, pizzicati et archet bien sûr, et les fonctions mélodiques, rythmiques et d’accompagnement s’entremêlent, le plaisir est plus qu’évident, exprimé même par un « Yeah Babe ! » à la fin de « Green Slime ». Quelques standards comme ce « Solar » de Miles Davis empoigné à un tempo d’enfer avec un solo à l’archet vertigineux ; « « Bewitched, Bothered and Bewildered » voit Meyer s’asseoir au piano pour accompagner la mélodie délicieusement chantée à l’archet par McBride, alors que « Days of Wine and Roses » est lui pris à un tempo plus rapide que de coutume. Les compositions de Meyer prennent parfois un côté folk, voire baroque, sur « Canon » qui d’une ambiance classique 17e- 18e siècle glisse vers une interprétation contemporaine. « Tennessee Blues » de Bill Monroe clôt l’album sur un tempo joyeux où le duo se lance dans quelques unissons de haut vol. Il est vivement conseillé d’éviter Spotify pour écouter cet album, et de bonnes enceintes sont recommandées… Du grand art.

Jean-Pierre Goffin