Veda Bartringer : Deep Space Adventure
En tant que mélomane curieux depuis plus d’un demi-siècle, j’ai tendance à souscrire à certains clichés de longue date. Ainsi, l’intitulé et la pochette cosmique de cet album ont d’emblée été pour moi l’augure soit d’une fusion genre Return to Forever, soit d’un jazz spirituel à la Sun Ra / Kamasi Washington. Mais non ! À part le premier morceau introductif qui laisse planer le doute, le reste du répertoire relève plutôt d’un jazz moderne européen et chambriste, à la fois rêveur et lyrique. Basée au Luxembourg, Veda Bartringer est une jeune guitariste dont le cycle d’études de la guitare jazz au Conservatoire royal de Bruxelles s’est terminé en 2022. Après un premier disque, « The Butterfly Effect », sorti rapidement la même année, « Deep Space Adventure » est son second essai en quartet avec un saxophoniste, ici Julien Cuvelier, plus la même section rythmique incluant le contrebassiste Boris Schmidt et le batteur Maxime Magotteaux. Le jeu de guitare est fluide, délicat avec une sensibilité particulière qu’on serait tenté de qualifier de « féminine ». La rythmique est retenue, légère, et laisse beaucoup d’espace aux solistes. Quant aux compositions, elles sont riches en mélodies que le saxophone et la guitare font chanter à l’unisson ou en contrepoint, avant de louvoyer chacun à leur tour dans des improvisations tout en finesse et élégance. La musique de « Deep Space Adventure » n’a donc pas grand-chose de cosmique au sens où ce qualificatif est employé dans le jazz, mais elle est quand même solaire puisqu’elle irradie une douceur bienfaisante.