Oregon : Ludwigsburg 1990
La série « Jazz Heroes » réunit des enregistrements live sortis des archives de la SWR et concentrés sur des personnalités individuelles ou des groupes et leurs projets respectifs. On y trouve, entre autres, le remarquable « One Night in Stuttgart » de Michel Petrucciani avec Gary Peacock et Roy Haynes, Maria Schneider avec le SWR Big Band, Eberhard Weber, Kenny Werner et bien d’autres productions. Enregistré à la « Scala » de Ludwigsburg en 1990, ce concert de Oregon est un nouveau petit bijou à ajouter à la collection. Depuis sa formation en 1970, le groupe a enregistré une trentaine d’albums et est devenu la référence absolue d’un jazz marqué à la fois par la world music et le classique. Remarquable aussi est la stabilité du personnel, qui depuis le décès de Colin Walcott, a toujours vu ses membres fondateurs répondre présents. Pour ce concert en Allemagne, Trilok Gurtu est toujours au poste, lui qui a repris le rôle de Walcott, tout en faisant partie du trio de John McLaughlin (le mémorable « Live at The Royal Festival 1989 » enregistré deux jours après un concert au Centre Culturel de Huy qui avait fait salle comble pour l’occasion).
On retrouve donc aux côtés du guitariste (aussi au piano et synthé) Paul McCandless au soprano, flûte, hautbois, clarinette basse…, Glen Moore à la basse et Trilok Gurtu qui apporte de nouvelles options rythmiques et influence fortement les couleurs du groupe. Devant une audience chaleureuse et réactive, Oregon livre ici un concert d’une générosité incroyable, quasi surréaliste quand on pense à certains concerts d’aujourd’hui ( sans citer de noms…) : plus de deux heures de concert sans temps morts, truffées de solos ébouriffants, d’inventions mélodiques et rythmiques décoiffantes dont il est difficile de sortir une pièce plutôt qu’une autre, si ce n’est que, par exemple, la présence d’une pièce issue du répertoire amérindien comme « Witchi-Tai-To » qui mêle encore plus les pistes des influences multiples de Ralph Towner. On ne peut aussi que rester ébahi sur les improvisations de « Opening-Pepe Linque » ou sur le lyrisme de « Paschas Love » de Gurtu. Un disque pour les fans de Ralph Towner, bien sûr, mais aussi un éclairage bienvenu sur la musique d’un groupe à redécouvrir pour des oreilles plus jeunes.