Grégory Privat : Phoenix

Grégory Privat : Phoenix

Buddham Jazz

Plus de dix ans que Grégory Privat a sorti son premier album, et la sortie quasi simultanée de deux albums ces derniers mois nous invite à plonger dans son parcours. Né dans une famille de musiciens en Martinique, il mène en parallèle des études d’ingénieur et la pratique du jazz en clubs, avant de s’installer à Paris, d’abandonner son métier d’ingénieur et de plonger à 100% dans la musique. Et dès 2005 avec la sortie d’un album en duo avec Sonny Troupé, « Luminescence », il obtient une reconnaissance avec sa nomination aux « Victoires de la Musique ». On le verra chez nous au Gaume Jazz Festival pour l’album « Liberetto » de Lars Danielsson, et avec David Linx à la sortie de « Skin in the Game ». En 2020, il sort « Soley », un premier album en trio avec Chris Jennings à la contrebasse et Tilo Bertholo à la batterie. Ce sont ces mêmes complices qu’on retrouve aujourd’hui sur « Phoenix », métaphore sur l’oiseau de feu qui renaît de ses cendres. Si sur « Soley », Grégory Privat avait instillé quelques parties chantées, « Phoenix » est autant un disque de chanteur que de pianiste, mêlant avec élégance chant créole et influences urbaines ainsi que quelques touches électro. Le jeu du pianiste est à la fois dense et profond ; on y trouverait volontiers des influences impressionnistes – écoutez par ailleurs pour vous en convaincre le sublime solo « Nuit&Jour » dans la série « Paradis Improvisés » – si les origines martiniquaises du pianiste ne prenaient pas le dessus dans un climat de douceur et de plénitude, qui lorgne aussi vers un public plus large par ses chansons séduisantes. « Phoenix » est un album plutôt introspectif qui nous fait entrer dans l’univers intimiste du pianiste. À écouter sans modération.

Au moment d’écrire ces lignes, on apprend que Grégory Privat s’est vu décerner par l’Académie du Jazz le Prix Django Reinhardt qui récompense le musicien français de l’année.

Retrouvez l’interview de Grégory Privat sur JazzMania ce mercredi 15 mai.

Jean-Pierre Goffin