The Leaning in Underground : Taking Over

The Leaning in Underground : Taking Over

Jazz in Amsterdam Records

Au printemps 2022, le guitariste Linus Eppinger a sorti un album plein de swing et fort plaisant intitulé « The Leaning In » (Chronique JazzMania). En plus du pianiste Nicolai Daneck, il avait fait appel à une rythmique internationale composée du batteur espagnol Jorge Rossy et du bassiste américain Doug Weiss. De manière naturelle, il s’est ensuite lancé dans une tournée estivale de promotion de l’album qui, le jazz étant ce qu’il est, a fini par tomber en dessous du seuil de rentabilité. C’est ainsi, comme le raconte le nouveau bassiste Ties Laarakker, que la rythmique de luxe a dû céder sa place à une autre moins onéreuse comprenant deux nouveaux jeunes musiciens dont les noms me sont inconnus. Pour autant, la musique restant bonne, le nouveau quartet ayant pris la relève (« Taking Over ») a décidé d’enregistrer un autre album regroupant des reprises et quelques originaux écrits pendant la seconde partie de la tournée qui fut baptisé non sans humour « The Leaning In Underground ».

Les interactions entre le piano et la guitare sont toujours aussi jouissives tandis que la musique se démarque par un swing constant ainsi que par une grande part de soul et de blues qui caractérisaient déjà celle de l’album précédent. Leur interprétation bien balancée de « The Girl from Ipanema » ne ressemble pas du tout à celle suave de Stan Getz tandis que « Wave » n’a pas non plus la nonchalance naturelle de la version d’Antonio Carlos Jobim. Les petits nouveaux remplissent vaillamment leurs tâches comme on s’en convaincra à l’écoute, d’une part, de la frappe dynamique de Peter Primus Frosch sur le très enlevé « Primal Instinct » et, d’autre part, de l’agilité be-bop de la contrebasse de Ties Laarakker sur « Sorry for the Fridge I Bought ». Quant à la pochette, elle a un style « années 60 » et le designer a même reproduit de fausses traces d’usure censées être causées par le vinyle. Certes, tout ça n’est pas bien nouveau mais, sans être indispensable, « Taking Over » n’en est pas moins un objet soigné et un disque de jazz plaisant à écouter.

Pierre Dulieu