Allison Burik : Realm

Allison Burik : Realm

Autoproduction

Le disque débute par un curieux duel, celui en l’occurrence entre un saxophone alto et une voix. À y écouter de plus près, ce n’est pas à celui qui portera le plus haut ou qui fera résonner la note plus longtemps. Point de rivalité à l’œuvre, mais un faux dialogue auquel se livre Allison Burik avec ingéniosité. Un solo-duet où son saxophone se met au service de la mélodie qu’elle fredonne, laquelle est directement captée par un microphone contact attaché à son cou. Les sonorités sont saisissantes. Dès les premières minutes, une atmosphère s’installe dans la pièce. La deuxième plage, « As the Norms Weave », la voit dévoiler son chant et un timide jeu de guitare. Sur « Seal Folk », le bruit de vagues vagues se fait entendre pour souligner qu’il s’agit aussi d’un enregistrement de terrain. Plus loin, ce sont la clarinette basse et la flûte alto avec lesquelles elle excelle davantage qui se font entendre au détour de petites chansons lo-folk. « Birka 581 » reproduit la technique de la composition d’ouverture. Le morceau évoque l’endroit où furent excavés des restes vikings du dixième siècle et où fût découverte la tombe d’une femme guerrière en armure à laquelle Burik rend hommage, se targuant de ses origines nordiques. Vers la fin, une comparse, Magdalena Abrego, lui vient en aide avec sa guitare. En clôture, « Fragment 94 » sublime cette collaboration où voix et guitare s’entremêlent, s’entretissent. « Realm » est un disque court, une demi-heure à peine. Trop court même, tant on voudrait que les chansons se développent, s’étirent davantage. Il s’agit du premier album solo d’Allison Burik qui en assure la composition, la production et l’essentiel des instruments. Originaire de Kansas City, elle s’est établie à Montréal où elle évolue régulièrement sur la scène métropolitaine. Au cours des ans, elle a joué e.a. avec Ingrid Laubrock, Joe Morris, Taylor Ho Bynum, Anthony Coleman, Ran Blake et bien d’autres… Belle découverte.

Eric Therer