Inventionis Mater feat. Napoleon Murphy Brock : Dimention(i)s Mat(t)er 

Inventionis Mater feat. Napoleon Murphy Brock : Dimention(i)s Mat(t)er 

Visage / Xango Music Distribution

Cela fait 31 ans que Frank Zappa nous a quittés mais régulièrement son nom, son aura est célébré, évoqué de par le monde. Même dans nos contrées. Sans trop de recherches, nous pensons à notre guitariste Michel Delville via The Wrong Object ou Trank Zappa Grappa ou au pianiste français Thierry Maillard et son album « Zappa Forever ». Sans oublier le volumineux livre « Frank Zappa » de John Raby dont je vous ai parlé il y a quelques mois (Chronique JazzMania). Venons-en à ce nouvel hommage qui nous vient d’Italie. Le groupe s’est formé en 2011 autour du clarinettiste Pierpaolo Romani et du guitariste (électrique et acoustique) Andrea Pennati. Pour ce quatrième album, le duo s’est renforcé avec la présence du contrebassiste Fernandino Romano et surtout avec le saxophoniste ténor et chanteur Napoleon Murphy Brock qui fut membre du groupe de Zappa pendant une quinzaine d’années et qui apporte ici la touche d’origine, la réminiscence du glorieux passé. Qu’il a continué de célébrer en jouant avec Dweezil Zappa (fils de au cas où…) et le groupe Zappa Plays Zappa. Sur cet album, qui contient dix compositions de Frank, trois invités interviennent sur certains titres via un violon, des percussions, une mandoline, une guitare. Quelques titres sont relativement proches des originaux, surtout quand ils sont chantés (merci Napoleon), mais sur d’autres, des couleurs méditerranéennes impriment un univers doux, acoustique. Je ne vais pas vous les décrire tous en détail, mais sachez que c’est le géant « Cosmik Debris » (de « Apostrophe ») qui fait l’ouverture avec une superbe interprétation à la clarinette. « More Trouble Everyday » est efficacement lié par la contrebasse, « We Are Not Alone » à la captivante mélodie est magnifié par le saxophone, « T’Mershi Duween » (de « You Can’t Do That on Stage Anymore Vol. 2) accueille des aspects classiques et world. On reste dans le classique, mais baroque, avec « Holiday in Berlin » avant qu’« Evelyn, a Modified Dog » ne soit aussi pratiquement joué qu’avec une guitare acoustique en soutien de la voix de Brock. Ces deux s’imposeront ensuite sur la ballade « What’s New in Baltimore ». Et c’est dans cette douceur tout italienne, malgré un rutilant solo de guitare sur « Black Napkins », que le groupe clôturera son hommage avec un « Filthy Habits » (de « Sleep Dirt ») presque méconnaissable. La preuve que Zappa peut toujours être mis à n’importe quelle sauce ! Ultime hommage : la pochette. Elle parodie celle de « We’re Only in It for the Money » qui parodiait déjà « Sgt Pepper’s » des Beatles ! Au rayon des célébrités croquées ici, il y a Brock, le buste de Zappa, l’aileron du « Yellow Mud Shark », Borghese, Da Vinci, Varèse, Stravinsky, Hendrix, Fellini, Claudia Cardinale… La pochette, le livret, les dessins, tout est une célébration de l’œuvre de Zappa. Un magnifique hommage, tout en respect, et doté d’une réelle originalité. Les fans de Frank peuvent investir les yeux fermés.

Claudy Jalet