Olivier Ker Ourio & Quentin Dujardin à l’Oeil du Condroz (Les Avins, 13/07/24)

Olivier Ker Ourio & Quentin Dujardin à l’Oeil du Condroz (Les Avins, 13/07/24)

Olivier Ker Ourio & Quentin Dujardin © Jean-Luc Goffinet

Quand les oiseaux se taisent pour la musique

Chez lui, Quentin Dujardin invite l’harmoniciste Olivier Ker Ourio pour un duo.

« Ici, dans mon jardin, c’est l’occasion de parler avec le public. A l’heure de spotify, YouTube et autres, c’est un plaisir qui n’a pas de prix. » Créer chez lui cet espace dédié à la musique, c’était pour Quentin Dujardin peut-être le meilleur moyen de contourner le confinement, puisque, même dans une église, on ne pouvait jouer. Sous le regard de l’œil du Condroz et à l’abri d’un mini chapiteau, Quentin Dujardin accueille un public qui vient pour écouter la musique du duo, celle de leur magnifique album « Serendipity », accueilli chaleureusement en Belgique et en France. La sérendipité, c’est l’heureux hasard, l’acceptation de ce que la vie peut nous offrir : « C’est ce que la rencontre avec Quentin m’a apporté, une sorte de eurêka. » dira l’harmoniciste en introduisant le titre éponyme de l’album.

Dès l’ouverture, la complicité entre les deux musiciens est prégnante : l’introduction de « Blue in Green » de Miles Davis est un délice de finesse où se glissent quelques mesures de « All Blues » dans l’improvisation. Un autre standard du jazz, de Charlie Mingus, viendra plus tard confirmer combien ces deux-là naviguent avec aisance dans la tradition. Mais l’essentiel du programme sera formé de compositions originales de leur album, des titres souvent inspirés par les collaborations du guitariste ou ses influences : comme « Blues for M&N » à la guitare slide, hommage aux partenaires Manu Katché et Nicolas Fizman ; ou « Song for Paco » pour Paco de Lucia où, comme sur plusieurs titres, le guitariste ajoute des effets de « loop station », cette technique qui permet d’enregistrer en live des éléments qui se superposent dans l’impro. « Serendipity », composé par Olivier, est empreint de poésie et d’une telle douceur que l’harmoniciste dira à la fin du morceau : « On a réussi à faire taire les oiseaux ! », eux qui pépiaient à bec ouvert dans les arbres du jardin. « En t’Attendant » est une composition du guitariste qu’il a jouée avec Toots Thielemans, et à laquelle Olivier Ker Ourio souhaitait ajouter une touche personnelle. Et puis, il y a l’« Ave Maria », la version du guitariste, celle qui fut interrompue après une minute lors du premier concert transgressif dans l’église de Crupet, une composition-symbole d’un artiste dont la douce rébellion nous touche à chacun de ses concerts.

Le portfolio du concert, signé Jean-Luc Goffinet est également disponible sur JazzMania aujourd’hui.

Olivier Ker Ourio & Quentin Dujardin
Serendipity
Agua Music

Chronique JazzMania

Jean-Pierre Goffin