Oxyd : Lapse
Six albums en quinze années de discographie et en vingt de travail entre les six membres d’Oxyd… Cela peut paraître peu en regard de la moyenne générale des groupes de jazz. Mais au-delà, il y a aussi la gestion du prolifique label Onze Heure Onze (dont s’est inspiré le groupe pour le titre de son premier album paru en 2009) et les nombreuses collaborations que cela sous-entend. Oxyd, un peu à l’instar de Pink Floyd époque Roger Waters, élabore essentiellement des albums-concepts. Des concepts pas toujours joyeux, faut-il le préciser ? On se souvient de « Long Now » (2016), « inspired by Nirvana’s music and spirit » et, plus proche de nous, de « The Lost Animals » (neuf titres, neuf animaux disparus, du Grèbe roussâtre au Couagga…). Car c’est une constante, le sextet s’inquiète de façon générale de ceux qui disparaissent et dresse un implacable constat : où allons-nous, que deviendront ceux qui nous suivent ?
« Lapse » n’échappe pas à cette sombre règle. Ici, Oxyd aborde un vaste chantier : la fin inexorable de l’Humanité dont chacun semble vouloir accélérer le processus, même s’il reste une infime lueur d’espoir. Côté musique proprement dite, on retrouve le son du rock, son énergie, sa fragrance. Un rock complice des improvisations du jazz, qui nettoie les oreilles (et le cerveau) en profondeur, pas loin d’un rock progressif débarrassé de ses mollesses. Bref, une musique qui, sur disque et plus encore présentée sur scène, vaut certainement le détour (à Paris, Studio de l’Ermitage, le 20 novembre).