Antonio Dayyani : Trop Op
Originaire d’Aarhus au Danemark, Antonio Dayyani est un jeune batteur ayant réuni un sextet de musiciens locaux pour enregistrer un premier album plutôt confidentiel mais bien accueilli par la presse danoise. Deux années plus tard, il remet le couvert avec le même groupe pour un second disque intitulé « Trop Op » (« Set Up » en anglais). Ayant eu la curiosité d’écouter les deux albums dans la foulée avant d’écrire cette chronique, je peux confirmer la continuité de leur ligne musicale : un jazz mélancolique et contemplatif auquel une guitare « pedal steel » apporte une couleur folk typique d’un certain « americana » lié à des paysages désertiques. La trompette languissante de Jon Askjær ajoute encore à cette impression de flottement et de chaleur frémissante sur les rochers calcinés. Les titres en danois n’aident pas à décoder la musique mais en réalité, il n’en est nul besoin : il suffit de se laisser porter comme si on écoutait de la musique, affalé sur le siège arrière d’une Cadillac avalant une route poussiéreuse du Texas. Cela dit, il y a probablement aussi une part de l’âme scandinave dans ces harmonies nostalgiques et la reprise d’un thème lyrique du folklore suédois (« Vem kan segla förutan vind ? » / « Qui peut naviguer sans vent ? ») n’est pas là pour nous contredire. La guitare électrique au son réverbéré et le piano acoustique s’y entrelacent tendrement tandis que la trompette vient en finale ponctuer une mélodie élégiaque. Point n’est toujours besoin d’en faire trop pour qu’un disque nous parle : agréable et atmosphérique, « Trop Op » honore la simplicité d’une musique discrète mais personnelle et bien interprétée.