
Pitch, Rhythm and Consciousness : Sextet
L’idée de puiser dans les religions l’inspiration pour en constituer le socle d’une œuvre musicale est sans doute presque aussi ancienne que la musique elle-même. Tous deux Bouddhistes, Charlie Burnham et Tony Jones se revendiquent de l’être. Non par prosélytisme mais par volonté d’assumer la dimension spirituelle qu’ils ont assignée à leur vie. Et cet album en est la preuve tangible. Délaissant quelque peu la grammaire de l’improvisation qui avait caractérisé leurs enregistrements précédents, ils se sont cette fois tournés vers le religieux pour conduire leurs compositions. C’est du côté des traditions chrétienne, taoïste, hindoue, juive et bouddhiste qu’ils ont été chercher le souffle qui anime la douzaine de morceaux assemblés ici. Le disque s’ouvre sur « I Shall Not Want », directement tiré du vingt-troisième psaume de la Bible du roi Jacques. Juste après, “The Beginning of the Universe” illustre l’origine du Tao Te Ching. Plus loin, c’est de la liturgie hébraïque qu’est tiré « Psalm for a Shared Tomorrow ». Pour autant, aucune de ces pièces n’entend brandir un quelconque credo. Elles ressortent avant tout d’un humanisme bon teint qui ne blessera personne dans ses convictions. Rappelons que Burnham est un violoniste aventureux, au langage bien ancré dans le blues, que l’on a vu dans le passé aux côtés de Cassandra Wilson et de James Blood Ulmer. Quant à Jones, saxophoniste ténor en diable, il a collaboré avec des Cecil Taylor, Don Cherry, Joseph Jarman pour ne citer que les plus emblématiques. Ils sont accompagnés pour l’occasion de quatre autres musiciens (d’où ce titre « Sextet ») : le batteur/percussionniste Kenny Wollesen, la violoncelliste Marika Hughes, le bassiste Rashaan Carter et une autre saxophoniste ténor homonyme en la personne de Jessica Jones. Elevé.