Krokofant : 6

Krokofant : 6

Is It Jazz ? Records

La Norvège ne nous a pas proposé que de la musique méditative inspirée par la beauté des fjords. Motorpsycho ou Jaga Jazzist ont ouvert la voie pour de nombreux autres artistes qui depuis une quinzaine d’années nous offrent des œuvres incendiaires, souvent hybrides, mélange d’influences des années 70 (prog, fusion, krautrock) mixées tantôt à du stoner, tantôt à du free jazz avec un zeste de psychédélisme. On retrouve dans cette liste, non exhaustive, des groupes/artistes comme Elephant9, Bushman’s Revenge, Hedvig Mollestad, Red Kite, Needlepoint, Moster, The End ou encore le récent The Verge. Krokofant fait assurément partie de cette mouvance. Avec ce sixième album, Tom Hasslan (guitare, basse et principal compositeur), Jorgen Mathisen (saxophones et synthés) et Axel Skalstad (batterie) reviennent à la formule de leurs trois premiers albums, soit un trio qui permet une interactivité plus poussée entre les musiciens. En effet, sur les deux précédents albums (« Q » et « Fifth ») et à l’occasion de quelques concerts, le groupe avait invité un bassiste et le claviériste Stale Storlokken (Elephant9) ce qui a eu pour effet d’étoffer leur son.

Retour donc au trio et à une musique davantage portée sur l’improvisation. Le son de Krokofant est profondément enraciné dans les années 70 (King Crimson 73-74, la période fusion de Soft Machine, le Mahavishnu Orchestra) avec des influences jazz marquées (qui peuvent, par moments, s’approcher du free. John Coltrane est une de leurs influences). Tom Hasslan fait des prouesses avec sa guitare, soit dans des solos épiques (« Country Doom »), soit dans des dialogues fiévreux avec le saxophone (et là, dans certains passages, on ne peut s’empêcher de penser à certains délires chaotiques d’un Van der Graaf Generator), bien soutenu par une section rythmique explosive. Bref, voici le groupe idéal pour tout nostalgique de la meilleure fusion des années 70, mais avec des sons bien actuels et une intensité rare.

Sergio Liberati