
Claire Ruwet : Résister en voix jazz
Questionnez donc l’ensemble des (fantastiques) chroniqueurs qui composent l’Equipe rédactionnelle de JazzMania. Poser des mots sur une musique pour en expliquer ce que l’on ressent à son écoute n’est pas une mince affaire. Quel que soit le genre musical, le jazz ou autre chose. Dites-vous bien que si vous lisez la chronique d’une symphonie et que l’auteur du texte y inventorie l’ensemble des membres de l’orchestre, ce n’est pas un bon signe. Sans doute ce chroniqueur se trouve-t-il à court d’idées ou bien (plus probablement) ce qu’il entend ne l’inspire guère. Et pourtant ! La passion qui nous habite, ce qui nous unit dans la volonté de la partager avec vous, nous conduit tout naturellement à vous décrire avec des mots (et même parfois avec des chiffres) ce que nous entendons, à décrypter le son avec des couleurs, des images ou des allégories afin que vous puissiez percevoir plus ou moins ce que nous avons ressenti.
Claire Ruwet possède sa méthode personnelle. Au-delà des mots, au-delà de la prose, il y a les émotions. Et des sentiments, beaucoup de sentiments, que l’on ressent tout au long de la lecture de ce recueil, tant on perçoit chez elle de la compassion pour « l’autre », celui qui ne nous ressemble pas parce qu’il provient d’un autre pays, plus encore si la pigmentation de sa peau est différente de la nôtre.
Pour écrire cet ouvrage découpé en quatre chapitres (« Découvrir », « Prendre le large », « Se replonger » et « Résister » – tout est dit), l’auteure a puisé son inspiration à la source de ses sentiments et dans le puits de ses émotions, n’hésitant pas à impliquer dans cette aventure ses enfants et son homme. Ses ressources remontent à l’époque où elle recueille quelques caisses de vinyles de jazz dont elle isole les disques de chanteurs / chanteuses, tissant par la suite un fil rouge – la voix – qui se débobinera chronologiquement sur une période de quinze années. Il y a les disques (Billie Holiday, Mahalia Jackson, Al Jarreau, Nat King Cole et tant d’autres) mais aussi les spectacles (Jacques Mercier et sa « Boîte de jazz », sa propre fille Marie avec Super Ska à Gouvy…). Tout cela rassemblé sur une bonne centaine de pages au gré desquelles sont véhiculés quelques messages personnels ou généralistes dont la portée humaniste ne peut nous échapper. « Résistance » insiste-t-elle ! Pour demeurer dans le thème, on rappellera en effet qu’en cette période de replis individualistes, chaque voix compte. Que nos différences constituent nos richesses… Exactement comme dans le jazz !
Claire Ruwet
Résister en voix jazz
Academia / Série EthnopoétiK
14,5 €
ISBN 978-2-8061-3892-7
119 pages