Skullcap : Snakes Of Albuquerque

Skullcap : Snakes Of Albuquerque

Cuneiform Records / Mandaï

Qu’il est agréable d’écouter un disque qui ne rentre dans aucune catégorie (on se demandera, inutilement, pour la énième fois : « Est-ce du jazz ?»), une œuvre jouée par des musiciens qui cherchent à aller de l’avant sans se soucier de tiroirs dans lesquels ils pourraient être enfermés. C’est exactement ce qui se passe avec ce « Snakes Of Albuquerque » proposé par Skullcap, un trio qui présente son premier album. Quoique… On trouve aux commandes de ce Skullcap le couple Janel Leppin (violoncelle, minimoog) et Anthony Pirog (guitare) que l’on a déjà pu apprécier dans leurs albums en duo (« Janel and Anthony ») depuis plus de dix ans ou encore dans le projet Ensemble Volcanic Ash que nous vous avions présenté il y a un an. Par ailleurs, Anthony Pirog tient la guitare dans ce merveilleux groupe punk-jazz qu’est « The Messthetics » (un trio avec la section rythmique de Fugazi, groupe rock hardcore), qui avait invité pour leur disque sorti l’année passée rien moins que le saxophoniste ténor James Brandon Lewis (ah ce concert à l’Ancienne Belgique !). Revenons à Skullcap et au troisième larron du groupe, à savoir le batteur Mike Kuhl (que l’on a pu entendre chez Dave Liebman, Tom Tom Club ou Cigarettes After Sex), qui déploie un jeu plein de souplesse permettant de tenir l’ensemble en place. De la souplesse, il en faut dans ce groupe qui refuse les étiquettes, qui va d’un titre atmosphérique, où le violoncelle mène la danse, comme « Pine Trees Of Tennessee » à un free-rock, presque hard par moments, où la guitare de Pirog fait des merveilles (« Rt 40 ») en passant par un « Orange Sky » aux sonorités quasi ambient. On l’a compris : les directions sont diverses, mais toujours de façon expérimentale (ne fût-ce déjà que par l’instrumentation proposée) et en n’hésitant jamais à se plonger dans des improvisations bien maîtrisées. On ne peut que vous inviter à cette bande-son de ce road trip (comme le suggère le verso de la pochette avec un voyage allant de la côte est des Etats-Unis – on peut penser à Washington DC ou Baltimore d’où proviennent les musiciens – jusqu’à la côte ouest), à cette musique novatrice s’inspirant du jazz, du rock, voire du classique par moments, mais qui s’interdira d’entrer dans le moindre moule.

Sergio Liberati