Kalaha : Guirca

Kalaha : Guirca

April Records

En 2022, j’avais fait de « Tutku » un de mes albums préférés de l’année. Et ce nouvel album imaginé par ces quatre musiciens danois pourrait aussi figurer dans mon top de cette année ! Formé en 2013, Kalaha publie ici son septième album et c’est encore une délicate pépite bourrée d’inventions, d’originalités. Un vrai feel good record ! Les quatre musiciens sont toujours derrière un étalage d’instruments classiques (guitare, basse, batterie, claviers) qui inclut en sus de nombreux synthés, un wurlitzer, une talkbox, des percussions… Sans oublier la présence de deux chanteuses. Quant à la musique, elle est assez indéfinissable mais c’est du pur Kalaha. Des synthés pop-rock, une électro world dance remuante, qui chaloupe, qui s’adjoint des accents proches des seventies grâce à de la fusion jazz funky (Lampuki Bite), de limpides solos de guitare jazzy parfois « vocodé » (El Zorro). Sans oublier des touches de world distillées tout au long des neuf plages. De la samba brésilienne, du rock d’Anatolie, des percussions africaines, du désert blues, du rock psyché, du western spaghetti en soutien à l’omniprésence des sonorités électroniques. Un croisement entre de nombreuses cultures musicales dans le but de nous surprendre, en osant des mixages surprenants, en exploitant de nombreuses voies. Eux nomment leur démarche de cette manière : « bastardo inspirations from all parts of the world » et on ne peut qu’adhérer à cette maxime. Et forcément, avec ces touches universelles, nous viennent à l’esprit des sons déjà entendus, avec parcimonie parfois, chez d’autres artistes. Je citerai les claviers Liquido dans « Vals Ajillo », la guitare, la locomotive et les castagnettes Ennio Morricone dans « Tumbleweed Turnpike » et Manu Chao, même si le chant est féminin, sur l’irrésistible et hymnique « Duele ». Kalaha excelle également dans l’écriture de belles lignes mélodiques, dans l’exploitation de gimmick accrocheurs, dans cette fraîcheur entre les délicates notes synthétiques et les belles interventions tout en finesse et dextérité du guitariste Niclas Knudsen. A me lire, vous avez compris que nous ne sommes plus ici dans le jazz traditionnel. Nous sommes « autre part », immergés dans un monde qui fait feu de tout bois et nous immerge dans le ravissement, dans le beau. Du son feel good sur toute la ligne. Un pur bonheur pour votre serviteur.

Claudy Jalet