In memoriam André-Paul Laixhay
André-Paul est décédé ce 27 novembre 2025. Je l’avais revu peu de temps auparavant, une dizaine de jours à peine, au cours d’une conférence sur la responsabilité professionnelle des avocats qui se tenait à Liège. Nous avions échangé quelques mots, de jazz et d’autres choses. Il m’avait confié qu’il se rendrait incessamment à un concert ou à un festival, à Nantes si mes souvenirs ne me trahissent pas. Nous n’étions pas uniquement Confrères, partageant la passion d’une même profession. Nous étions, davantage encore, mus par une sensibilité artistique où nous nous rejoignions, tant en musique qu’en arts plastiques.
Comme avocat, André-Paul occupait la barre avec une présence évidente. Son physique lui donnait un aplomb et une certaine autorité. Il faisait partie de ces avocats qui tiennent à rester généraliste et qui ne veulent pour rien au monde rejoindre de gros cabinets. Incontestablement, il souhaitait rester ancré dans son terroir local, celui de la Commune d’Oupeye, quand bien même il s’avéra être un voyageur infatigable.
Comme passionné de musique, on rappellera qu’il fut, avec son ASBL Jazz-Amor, une des chevilles ouvrières de l’organisation du festival Jazz au château d’Oupeye dont la première édition se tint en 1989. Refusant de s’enfermer dans un carcan étriqué, et refusant de paraître comme «intello-chiant», André-Paul opéra une ouverture dans la programmation, la voulant plus novatrice tandis qu’il labellisa le festival quelques années plus tard en « Festival Européen de Jazz et de Musiques Actuelles ».
La première décennie des années 2000 le vit transformer sa maison en lieu culturel et artistique modulable, la rebaptisant Art Home ! Une multitude de peintres et de sculpteurs eurent le bonheur d’être accrochés à ses cimaises ou de figurer sur des socles dispersés dans tous les recoins de son habitation. Il transforma le périmètre modeste de son jardin en un véritable show-floor, installant entre les hautes haies de thuyas un chapiteau pouvant accueillir une scène et un public. Ce fut l’époque des duos, des trios et des solos… dont il m’apparaît vain de procéder ici à l’énumération impressionnante des musiciens et musiciennes qui défilèrent. Jazz’halo et JazzMania en relatèrent de beaux épisodes.
On a dit d’André-Paul qu’il pouvait parfois être égocentré. Ce n’est pas faux. L’ouvrage qui lui fut consacré par ses amis, il y a plus de vingt ans, porte ce titre évocateur : « Mégalopaul », préfacé par cette simple épigraphe : « J’assume. » Il fut assurément un passionné XXL, un dévoué à ses clients et aux artistes qu’il convia à ses concerts et expositions. Il va nous manquer grave. La musique qu’il défendait avec ardeur lui survivra. Nous nous y emploierons.
N.B. : Un hommage, qu’il a voulu festif, lui sera rendu le samedi 13 décembre de 13h30 à 17h30 à la salle de l’Union à Haccourt (rue Lemaire, 52 – 4684 Oupeye).
