Yuri Honing : Yuri Honing’s Peace Orchestra

Yuri Honing : Yuri Honing’s Peace Orchestra

Challenge / New Arts International

Pour son nouveau groupe, le saxophoniste néerlandais Yuri Honing s’est entouré des musiciens Remy van Kesteren (harpe, électronique), Ella Zirina (guitare), Tony Overwater (contrebasse, guitare basse) et Yoran Vroom (batterie). Le morceau d’ouverture est un enregistrement live agrémenté, entre autres, des sons d’une harpe, instrument dont le jazz actuel ne peut se passer, dirait-on. Heureusement, les musiciens ne restent pas cantonnés dans un décor éthéré. Note après note, la véritable nature de ce trio se révèle, sur le ton d’un saxophone déchirant. De cette manière, tout converge vers l’impact bouleversant de « Black Star » de David Bowie. Une belle progression vers un point culminant. Sur le titre suivant, « Asturiana » (Manuel De Falla), on note un contraste saisissant avec l’interprétation précédente. Honing imprime un ton modéré avec son saxophone. Ce n’est d’ailleurs pas la seule reprise de l’album. « Imagine » de John Lennon figure également sur la setlist. Nous découvrons une musique envoûtante à l’extrême, avec les interventions adaptées d’Ella Zirina à la guitare. Puis vient une autre adaptation, celle de « Carte di Amore » d’Egberto Gismonti, enveloppée dans une brume lyrique, comme l’indique le titre. Le compositeur l’a lui-même enregistré à l’époque avec Jan Garbarek et Charlie Haden (sous le titre « Carta de Amor »). Avec « Isola », nous avons droit à un sursaut d’action. Au début, cela ressemble à l’introduction d’une chanson de Sting et se déroule de la même manière. Le titre entraînant « Magnificent (she says) », emprunté à Elbow, est porté par les sons de la harpe, avec bien sûr le saxophone qui dicte le ton. Vient ensuite « Kaïn & Abel », un autre morceau live, dans lequel une structure répétitive se fissure progressivement puis vole en éclats. Il s’agit, encore une fois, d’une construction épique magnifique au cours de laquelle Honing se lâche presque complètement. L’opus se termine sur un morceau traditionnel soufi dans lequel Van Kesteren nous offre des touches orientales à la harpe. Entouré de son Peace Orchestra, Yuri Honing souhaite faire passer un message en faveur d’un monde meilleur. Ce n’est pas un hasard si l’ensemble de l’album est empreint d’une aura spirituelle floue, même dans les morceaux uptempo, ce qui lui confère une ambiance quelque peu irréelle et insaisissable. Et c’est un compliment.

Une collaboration Jazz’halo / JazzMania

Georges Tonla Briquet – Traduction libre : Alain Graff