Jazz Brugge, édition 2025

Jazz Brugge, édition 2025

Arve Henriksen © Annie Boedt

A Bruges, il faut parfois quitter le périmètre touristique habituel des canaux pour pleinement se rendre compte des atouts artistiques que recèle la vénérable cité. Le Concertgebouw s’avère une destination incontournable si l’on veut mesurer à quel point un bâtiment contemporain s’intègre dans un paysage urbain protégé. Une construction audacieuse qui repose sur des ressorts et dont les façades sont recouvertes de milliers de tuiles rouges en terre cuites. C’est là que se tient, depuis plusieurs années, le non moins vénérable Jazz Brugge.

Ornella Noulet Ola Tunji © Annie Boedt
Tomeka Reid © Annie Boedt

Décliné sur trois soirées, il conviait cette année des musiciens et musiciennes d’horizons variés, privilégiant une programmation éclectique et curieuse. Nous n’avons malheureusement pas pu assister à celle du vendredi. Le samedi, c’est à Ola Tunji qu’il incombait le soin d’accueillir le public. Le quartet d’Ornella Noulet a montré qu’il pouvait se montrer convaincant hors des petites salles et clubs dans lesquels il a fait ses premiers pas. Les choses se sont ensuite accélérées rapidement. Le Brahja Trio prenait possession de la Kamermuziekzaal avec une cool attitude remarquable tandis qu’au même moment Lagon Nwar occupait le petit studio du premier étage devant un public debout visiblement séduit par son mix d’afro-jazz et d’ethno-pop. Accompagnée de son quartet, la chanteuse/contrebassiste et compositrice mexicaine Fuensanta, une des découvertes de cette édition 2025, eut l’honneur d’ouvrir la belle et spacieuse Concertzaal. Plus tard dans la nuit, le saxophoniste turc Korhan Futaci nous ravalait/avalait les oreilles avec des dérobées free et des inclinaisons du folklore musical traditionnel de son pays. Au même moment, MESTIZX proposait une excursion jalonnée de rythmes latinos. Aux alentours de minuit, Esinam clôturait les opérations dans le hall d’entrée avec l’assurance que l’on lui connaît.

Benjamin Sauzereau & Remorque © Annie Boedt

Le dimanche se déclinait sur une affiche plus recentrée. Le violoniste français Clément Jaminet avait requis à ses côtés l’incroyable Arve Henriksen pour son projet Garden of Silences, revisitant un répertoire très ancien, jugez plutôt : John Dowland, Marin Marais et même une giloxia (une danse de la renaissance). Le combo No Tongues partageait, malheureusement (difficile de se dédoubler), le même créneau horaire avec Benjamin Sauzereau et sa REMORQUE. Des pièces abstraites pour guitare, violon, violoncelle et slide guitare sur table (l’excellent Vitja Pauwels) jouant les motifs répétés. Une belle affaire de cordes.

C’est le concert de clôture qui fut incontestablement le point d’apothéose du festival : le pianiste Craig Taborn aux côtés de la violoncelliste Tomeka Reid et du batteur Ches Smith. Plus d’une heure de haute voltige sonore. Rien de surfait, rien d’inutile. Smith autant à l’aise sur ses fûts qu’avec un panel varié de percussions. Reid : fière, altière, classieuse. Taborn : à la fois concentré et céleste. Et de terminer sur une pièce d’une de ses mentores : Geri Allen. Fort, très fort.

Merci à Annie Boedt pour les photos.

En partenariat avec Jazz’Halo

Eric Therer