Abstract INC. : Goodbye Big Idea
Le guitariste Machiel Heremans (que j’avais découvert via le groupe Teddy’s Brain Drain et son ep) s’impose au fil du temps comme un musicien aventureux de la scène jazz belge. Nous le retrouvons ici à la direction d’un sextet bruxellois pour lequel il a composé les sept titres qui figurent sur le premier album de ce nouveau groupe. Au sein duquel jouent également le saxophoniste alto Abel Jednak, le saxophoniste ténor Joos Vandueren, le pianiste (+ Rhodes) Leonard Steigerwald, le contrebassiste Otto Kint et le batteur Daniel Jonkers. Une belle équipe mixée et masterisée par le renommé Vincent Debast. Le groupe nous propose un large éventail des nuances que peut prendre le jazz contemporain, parfois expérimental ou abstrait. Sur la première plage, on semble faire les présentations, chacun égrène ses notes au sein d’une ambiance quelque peu atmosphérique. La seconde plage peut être qualifiée de landscape music avec ses sonorités évanescentes qui invitent à la rêverie. « Telenetwerk » est plus hachuré, rythmiquement perturbé en soutien à la guitare et au duo des cuivres complice et complémentaire. Ces deux seront encore bien efficaces sur la finale de « Dancing Terminator » qui bénéficie d’arrangements originaux, de beaux développements avec parfois un petit clin d’œil cuivré vers Soft Machine ! Le piano déroule discrètement dans son coin, mais c’est souvent lui qui est à la base des passages mélodiquement séduisants. Sur deux plages (« Algae Rythm » et « Schakelaar ») c’est un jazz sombre, désertique qui nous est joué surtout à la guitare et la finale du premier prend une tournure plus « rock ». Mais c’est essentiellement sur le second que le groupe nous offre ses belles facettes avec une guitare cristalline en ouverture puis une magnifique progression puissante et hypnotique de l’ensemble. Vraiment un magnifique morceau qui clôt un premier album déroutant, parfois frénétique, original et exaltant.