Aki Takase / Daniel Erdmann : Isn’t it Romantic ?
L’histoire raconte que c’est lors d’une rencontre inopinée dans le hall d’un terminal de l’aéroport Charles de Gaule qu’Aki Takase et Daniel Erdmann décidèrent de sceller un projet commun. Les deux se connaissaient, se côtoyaient depuis les années 90 (Erdmann a étudié chez Takase à Berlin) mais n’avaient jamais franchi le pas de fonder un duo, une formule qu’ils affectionnent pourtant l’un et l’autre. Au printemps 2020, confinement oblige, ils se tinrent à des répétitions par écrans interposés, maximisant la concentration dévolue à l’échafaudage de compositions qui furent enregistrées à l’été suivant au Budapest Music Center studio.
Ce disque – leur premier – est le résultat de ce travail conjoint. Chacun en a écrit la moitié tandis que la paternité de la plage éponyme revient au prolifique Richard Rogers. Ce qui frappe l’oreille dès les premières minutes, c’est l’extraordinaire dimension mélodique de cette musique à deux voix. La pianiste japonaise Aki Takase imprime un cadre, un contour à la fois ferme et ductile aux morceaux. Son jeu est vivace, industrieux. Il puise son influence dans l’héritage intemporel des grands tels Monk, Dolphy ou Ellington. Le saxophoniste (ténor et soprano) allemand Daniel Erdmann conduit des chants mouvants et rhapsodiques qui se lovent dans ces structures avec beaucoup d’émotion. Une grande légèreté domine le disque sans pour autant en amoindrir sa force.