
Macondo – Jacques Pelzer Jazz Club (Liège, 18/03/22) – sessions Jazz&More
Un vent d’Afrique soufflait au Jacques Pelzer Jazz Club le 18 mars dernier avec la venue de Macondo (Angelo Moustapha / Sylvain Debaisieux), ce nouveau projet né de la rencontre d’un véritable prodige de la batterie arrivé tout récemment de son Bénin natal et d’un des saxophonistes les plus prisés de la scène bruxelloise. Ce duo doit d’exister grâce à la période la plus perturbée que nous venons de vivre, celle du Covid-19 et de son confinement. Comme me l’ont expliqué nos deux musiciens, le sombre scénario que nous venons de connaître a eu pour eux un côté positif (il en faut aussi…) qui leur a permis de se rencontrer et de mettre en place la belle histoire musicale qu’ils sont en train de vivre et qu’ils ont partagée avec nous le temps d’un concert. Le premier confinement, celui pour lequel il nous était uniquement permis de rester chez soi, a vu dans les grandes villes, fleurir ces mini concerts de balcons qui nous permettaient de garder un minimum de contacts entre voisins ou, dans le cas qui les concerne, tout simplement permis une rencontre entre proches musiciens.
Angelo Moustapha fut révélé au public belge lors de son tout premier concert avec Philip Catherine à Flagey, en juillet 2020. Les deux artistes s’étaient rencontrés peu avant lors d’une tournée béninoise du guitariste belge, tournée durant laquelle une véritable amitié est née.
Quant à Sylvain Debaisieux, vous l’aurez certainement croisé dans l’un et l’autre projet aux côtés d’Alain Pierre, Eve Beuvens, Stéphane Galland, Bram De Looze, ou encore à ses débuts avec Guillaume Orti et l’European Saxophone Ensemble.
Et du côté du concert proprement dit, le public avait répondu présent à notre invitation et nous avons voyagé d’un continent à l’autre. La polyrythmie africaine était bien présente et colorait de mille et un sons le jeu subtil et les innombrables coups de batterie d’Angelo. Nous avions même parfois du mal à comprendre d’où sortaient tous ces sons… du génie certainement ! Le programme était varié et cousu d’un fil conducteur. Alternant les compositions du saxophoniste (« Closerie », « Introspection », « Epicentre », … ) avec des réarrangements de cantiques africains, souvenirs du temps où le percussionniste accompagnait les chorales de son église. Et, jouant de cet instrument appelé tamma, ou simplement talking drums, nous avions même l’impression de percevoir les chants, tant les musiciens faisaient preuve d’inspiration. Un peu d’impro et une belle démonstration de saxophone solo et parlons-en du sax : quel phrasé et quel son ! J’hésitais à tout moment entre le jeu de Sonny Rollins et celui de Coltrane, jusqu’à l’interprétation du grand classique « Afro Blue », titre de Mongo Santamaria rendu célèbre par John Coltrane. La session s’est délicatement clôturée par une ballade emplie de nostalgie intitulée « Lydia », la maman restée au Benin, qu’Angelo dut quitter pour entamer sa fulgurante carrière musicale belge.
Le prochain Jazz&More aura lieu au JP’s ce 10 juin. Nous accueillerons le duo Jean-Pol Schroeder (pn), et oui le grand manitou de La Maison du Jazz, qui sera accompagné pour l’occasion de Pierre Bernard à la flûte. Une session unique à ne pas rater !