Albert Ayler : Reawakened
L’héritage de l’emblématique saxophoniste Albert Ayler continue d’inspirer. « Reawakened » est un double hommage composé d’enregistrements live et d’un album studio interprété par un quintette finlandais. La Finlande et Albert Ayler (1937-1970), le lien est bien là, quoique moins connu que celui avec la Suède, son pays d’origine à l’époque. En effet, le 30 juin 1962, Ayler enregistre trois chansons avec le quartet du guitariste finlandais Herbert Katz. Les bandes sont restées introuvables jusqu’à ce qu’elles refassent surface en 2004 via Revenant Records faisant partie du coffret en neuf volumes « Holy Ghost – Rare & Unissued Recordings 1962-1970 ». En novembre 1966, le saxophoniste y est une fois encore retourné pour y donner un concert au Kultuuritalo, et dont on peut entendre un extrait sur « Lost Performances 1966 Revisited ». Le premier CD de « Albert Ayler Reawakened » contient des enregistrements réalisés à la bibliothèque publique de Kerava (le concert a été conçu comme un spectacle éducatif) et à la Hard Rock House d’Helsinki. Le quintette aborde l’héritage avec la même forme d’expression où les confrontations impulsives sont centrales. Dans « Angels » d’Ayler, le lien avec « The Star Spangled Banner » d’Hendrix est évident. « Näin Näyn » est un passage « parlé » (en finnois) destiné à renforcer la conception dramatique de l’ensemble lors des concerts. Le CD studio commence par « Holy Family » d’Ayler. Des saxophones dans le plus pur style de Coltrane couplés à une guitare psychédélique fournissent un engagement crépitant. Suivent six œuvres personnelles des membres du groupe et, en guise de finale, un traditionnel auquel ils donnent une couleur particulière avec un titre adapté, « Dixie In The Style Of Albert Ayler ». Court et doux à la Flat Earth Society. Ici aussi, des extrêmes abrupts du début à la fin de chaque chanson, avec les liens appropriés avec le travail de l’époque de Miles Davis et Jimi Hendrix (« Sing Happy ! »). Absolument recommandable aux fans de James Brandon Lewis mais aussi aux adeptes de Moonjune Records.
En partenariat avec Jazz’Halo
Traduction libre : Luc Utluk
