Albert Beger / Ziv Taubenfeld / Shay Hazan / Hamid Drake : Cosmic Waves
J’éprouve un malaise certain à l’idée de chroniquer ce disque. La raison ne tient en rien à sa dimension musicale, elle en est qu’il a été enregistré en Israël. Cela me pose un problème moral et plus exactement éthique. Peut-on continuer à se faire l’écho d’une production, fût-elle artistique, émanant d’un pays coupable d’actes s’apparentant à des crimes contre l’humanité et à des crimes de guerre de grande ampleur ? A mon estime, la réponse s’impose avec évidence. Je ne doute pas un instant de la qualité des trois musiciens israéliens ici à l’œuvre. Du reste, j’imagine mal qu’ils endossent la politique criminelle de leur gouvernement. En l’état actuel, parler de la scène jazz israélienne sans évoquer le contexte politique dans lequel elle évolue, c’est participer indirectement, implicitement à la normalisation de quelque chose d’anormal. Je le dis sans ambages, il faut purement et simplement boycotter Israël : économiquement s’entend, mais également académiquement et culturellement. Et ce aussi longtemps que les Palestiniens ne jouiront pas de leurs droits civils et politiques et de leurs libertés fondamentales dont celle d’avoir enfin leur propre État et d’y vivre comme des citoyens à part entière. Quand cette fin, légitime, sera atteinte, alors pourrai-je à nouveau évoquer le travail de cette scène, modeste mais active, de ce coin du monde. Cette opinion m’est personnelle, elle n’engage en rien JazzMania. Et, au moment où j’écris les lignes de cette chronique, j’en viens même à douter qu’elle sera publiée. Si tel est le cas, c’est que la liberté d’expression n’est pas une chimère.