Amaury Cornut : Lead Belly
Huddie William Ledbetter alias Lead Belly est un musicien qui a marqué l’histoire des musiques africaines – américaines par son talent et sa vie mouvementée, mais sa notoriété a atteint des sommets sur le plan international uniquement grâce à l’influence qu’il a exercée, après sa mort en 1949, sur tout le courant folk des Pete Seeger et The Weavers, Woody Guthrie et consorts dans les années 50 et suivantes, un engouement qui s’est transmis à Lonnie Donegan, George Harrison et les Beatles, Van Morrison, Janis Joplin, Bob Dylan et bien d’autres jusqu’à nos jours.
L’auteur qui reconnaît s’être largement inspiré du livre « The Life and Legend of Leadbelly » (Charles Wolfe et Kip Lornell, Da Capo, 1999) signe ainsi la première biographie en français et il décrit, dans l’ordre chronologique, la vie et la carrière du musicien en 15 chapitres suivis de 5 paragraphes consacrés aux chansons les plus célèbres de son répertoire. On va ainsi de sa naissance en Louisiane en 1888 (date soumise à controverse) dans une ferme et les champs de coton à son enfance studieuse et son adolescence déjà marquée par une passion pour les aventures galantes et pour la musique : il passe de l’accordéon à l’harmonica, piano et mandoline avant d’adopter, définitivement, la guitare. En 1906, à 18 ans, il gagne Shreveport et joue dans les bordels de Fannin’ Street, il y acquiert une grande notoriété à la fois comme séducteur et comme guitariste, mais aussi comme bagarreur et il va au-devant d’ennuis de plus en plus graves.
Il passe à la guitare à 12 cordes et, en 1912, il devient ami, guide et partenaire de Blind Lemon Jefferson et ils voyagent de concert et jouent au Texas (Dalles, Fort Worth,…) jusqu’en 1915. Suivent des hauts et bien des bas, mariage(s), bagarres, de la prison (1918-1925) puis le pénitencier d’Angola en 1930 où le découvre, en 1933, l’ethnomusicologue John Lomax, qui enregistre un beau paquet des chansons de Lead Belly pour la Library of Congress (Washingon DC) puis obtient sa grâce en 1934, l’année où Lead Belly épouse celle qui restera sa femme pour la vie, Martha Promise (cela ne s’invente pas!). 1935 sera la grande année : sa carrière sera lancée par C.B.S. et la radio puis par 40 enregistrements pour la compagnie A.R.C., des films et encore la Library of Congress malgré ses désaccords et sa rupture (temporaire) avec les Lomax (John et son fils Alan). Installé à New York, il trouve en 1939 la voie de Musicraft Records qui va définitivement établir sa gloire de musiciens folk (et non blues, comme d’aucuns voulaient l’étiqueter) suivie de nouveaux ennuis dus à son humeur de chien : un séjour à la prison Rikers mais sorti en 1940, il se retrouve dans les studios RCA avec le Golden Gate Quartet puis des faces sur Bluebird mais c’est sa rencontre avec Moe Asch (Folkways Records) en 1941 qui le propulse au sommet avec une série de 78 tours puis d’albums mémorables; s’ensuit un séjour en Californie sans gloire (1944-45) puis c’est le retour à New York et une implication de plus en plus forte dans la lutte pour les droits civiques (et contre l’antisémitisme) avec ses amis du Folk, Guthrie, Seeger, etc., jusqu’à sa mort en 1949 juste après une courte tournée européenne (à Paris seulement, avant un retour précipité en Amérique).
Seulement alors, viendra la gloire posthume en U.K. d’abord (Lonnie Donegan,…) et partout dans le monde ensuite. En conclusion, on a l’historique et les qualités des faces les plus connues de Lead Belly, il ne les a pas composées, mais il les a exhumées du passé, voire de l’oubli, et ils les a magnifiées comme personne avant lui, de la géniale berceuse « Irene » à « The House of the Rising Sun » (reprise par Eric Burdon & Animals, Johnny Halliday,…) à « The Midnight Special », « Black Girl » et « Black Betty », etc.
Une histoire édifiante, bien racontée, en détails par l’auteur.
Amaury Cornut
Lead Belly
Le mot et le reste
21 €
ISBN : 978-2-38431-234-4
206 pages