André Jaume, Retour Aux Sources
André Jaume,
Retour aux sources : Solo #2
Ce “Solo #2” est l’occasion d’un réel retour aux sources pour ce saxophoniste né à Marseille en 1940. André Jaume a d’abord étudié la clarinette puis le saxophone au Conservatoire de sa ville natale, avant de suivre les cours du trompettiste Guy Longnon, dans la première classe de jazz officiellement créée en France et de rencontrer la crème du jazz international. Un retour aux sources puisque, comme le rappelle Jean Buzelin qui signe le texte de pochette, André Jaume a enregistré un premier disque en solo, “Le Collier de la colombe”, en juin 1977. Par la suite, il allait multiplier les rencontres. En premier lieu, deux amis fidèles, l’Américain Joe Mc Phee et le guitariste Raymond Boni (albums “Tales And Prophecies”, “Songs And Dances”, “Impressions Of Jimmy Giuffre”; “Something” avec le premier, “Pour Django” en duo avec le guitariste). Mais encore, Charlie Mariano (“Abbaye de l’Epau”), Charlie Haden (“Peace-Pace-Paix”), Barre Phillips et Barry Altschul (“Autour de la rade”), Jean-François Canape (“A Portrait Of Jimmy Giuffre”) qui font tous l’objet d’albums CELP que Jaume a créé en compagnie de Robert Bonaccorsi en 1985. Un label qui a accueilli Jean-Marc Padovani, Stephan Oliva, René Botlang, Michel Marre ou Pierre Vaiana pour Shakra, en compagnie de Salvatore Bonafede. Jaume a aussi croisé Phil Woods, Butch Morris, Michel Petrucciani, Kenny Wheeler, Jimmy Giuffre, Buddy Collette ou Daniel Humair. Il a dialogué avec le gamelan de Sapto Raharjo (“Borodur Suite”) ou les percussions africaines de Guinée pour l’album “Bissau”. Pour plus de détails, les “collectionneurs” peuvent se reporter à l’European Portrait publié dans le n° 37 du magazine Jazz in Time, en novembre 1992. Un portrait qui fut l’occasion d’un échange de courriers et d’albums (André Jaume souhaitait acquérir “A Lover’s Question” de David Linx et Pierre Van Dormael, l’album dédié à l’écrivain James Baldwin). Eh oui, à cette époque, on s’écrivait, on ne se contentait pas de “courriels” laconiques. Ce retour aux sources est aussi l’occasion d’évoquer des rencontres et des voyages: Majorque (Marratxi) ou le Sénégal (Casamance). Le danger du “solo absolu” (appellation déposée par André Francis) est de verser rapidement dans la logorrhée. Ce n’est jamais le cas ici. Les volutes du ténor sont foncièrement mélodiques, elles prennent leur temps (Sampiero, Opalescence, Mode pour Mi, Song for Estelle ou ce Pour Lily emprunté à Willem Breuker), elles peuvent être empreintes de recueillement (Retour aux sources) ou de mélancolie (Gospel pour Jean-Pierre). Parfois le rythme s’accélère, devient plus saccadé (Errande, Errance, Mirage), et le ténor adopte une certaine raucité (Dinky Toy). Mais toujours avec une articulation claire et précise.
Claude Loxhay