Antoine Pierre Urbex, Sketches of Nowhere
Antoine Pierre Urbex, Sketches Of Nowhere
Batteur pour les groupes LG Jazz Collective, Tree-Ho avec son père Alain, les trios de Jean-Paul Estiévenart et de David Thomaere, le quintet de Lorenzo Di Maio, Antoine Pierre avait enregistré un premier album personnel, pour Igloo, à la tête de son octet Urbex en 2016. Voici que sort un deuxième album personnel, “Sketches of Nowhere”. On aurait pu s’attendre à ce que ce nouveau disque s’inscrive dans la lignée directe du premier. Seulement voilà Antoine n’aime pas se répéter (interview ICI) : il sort ici un album beaucoup plus “électrique”, ouvert aux musiques électroniques actuelles. C’est qu’en parallèle à Urbex, dès 2014, il a rejoint le groupe Taxi Wars, aux côtés de Tom Barman, le chanteur du groupe rock dEUS, du saxophoniste Robin Verheyen et du bassiste Nic Thys: un quartet qui impose un drive différent. Il a aussi créé, pour le festival “percussion” du Marni, le groupe Next Ape, très rock, avec la Hongroise Veronika Harcsa au chant, le Hollandais Ben Van Gelder au saxophone et différents samples. Il a aussi joué en duo très “atmosphérique” avec le guitariste Bert Cools : autant de strates qui augurent de la musique de ce “Sketches of Nowhere”. Le centre de gravité ne se situe plus au niveau des souffleurs (Toine Thys, Steven Delannoye) mais beaucoup plus au niveau de la guitare de Bert Cools et de ses effets multiples (la photo incluse dans le livret est révélatrice du “matos” complexe du guitariste), avec un groove très marqué de la batterie pour créer un climat hypnotique. En parallèle, Bram De Looze ne joue pas que du piano acoustique, mais aussi du Fender Rhodes (Conséquences, Close Enough, Tomorrow) et Félix Zurstrassen, en permanence à la guitare basse, assure l’assise du groupe. Par ailleurs, la formation est ici à géométrie variable : octet sur Tomorrow avec belle intro de cymbales de Frdéric Malempré et chase des ténors, quintet avec Jean-Paul Estiévenart à la trompette sur Conséquences, Aux Contemplatifs, Close enough ou Stuck joué à la trompette bouchée. Urbex accueille aussi des invités. En premier, Ben Van Gelder, déjà présent pour le projet Next Ape, saxophoniste alto diplômé du Conservatoire d’Amsterdam sous la férule de Dick Oats (saxophoniste du Thad Jones-Mel Lewis Big Band) et qui, à New York, a étudié avec Lee Konitz et joué avec le trompettiste Ambrose Akinmusire et les saxophonistes David Binney et Mark Turner. C’est lui qui, avec Antoine et Bert, ouvre et ferme l’album, sur des compos-impros très atmosphériques: Dreams of Sand and Snow avec sample de voix en français et Day 20 avec sample en anglais. Ensuite le flûtiste Magic Malik, l’auteur des projets XP (13 XP Song’s Book),qui a côtoyé Steve Coleman et a souvent été invité par des groupes belges: Octurn (XP Live), Aka Moon (Amazir) ou Oak Tree (carte blanche au festival Brosella). On peut l’entendre sur Entropy où la flûte se joint au saxophone ténor, sur Green Over Grey, avec effets de voix qui se superposent à la trompette d’Estiévenart et Sketches of Nowhere, toujours avec Estiévenart. Une musique aux climats planants qu’on pourra bientôt entendre en concert. L’album est aussi un bel objet, avec un livret reprenant 15 photos d’Arnaud Ghys prises lors de l’enregistrement.
Claude Loxhay
Concerts
3 mai, Liège, Mithra Jazz Festival, Théâtre de Liège
18 mai, Bruxelles, Flagey, Studio 4