April Fishes, Carpe d’Or
April Fishes, Carpe d’Or
Voici un quartet atypique, formé de musiciens issus de la scène alternative française du jazz et des musiques improvisées. Manuel Adnot (guitares), Adrien Dennefeld (violoncelle), Romain Dugelay (saxophone baryton) et Sylvain Darrifourcq (batterie), renforcés par quelques machines d’appoint, se sont associés avec, comme unique leitmotiv, une liberté d’expression belle à entendre. Les musiciens d’April Fishes ont d’abord élaboré leurs premières compositions en résidence à Nantes, grâce au soutien du très recommandable Pannonica, un club dédié aux musiques nouvelles que nous vous recommandons chaudement si vous vous trouvez dans la région (www.pannonica.com). Where else ? Nantes n’est elle pas la ville du surréalisme à la française, qui a vu naître Jules Verne ? Si les membres d’April Fishes prétendent s’être inspirés de l’œuvre de l’auteur chinois Mo Yan et du monde sous-marin en général, nous n’oublierons pas pour notre part de citer le « Vingt mille lieues sous les mers » du romancier français. Vous l’aurez compris, « Carpe d’Or » est un album riche et varié, dédié aussi bien au post-rock énergétique (« Tendance brique » dont le saxophone semble être emprunté à John Zorn et son Painkiller), à la musique classique baroque (l’introduction de « Nori et Wakame ») qu’au jazz contemporain… Le tout, parfois, au sein d’un même morceau étiré, aux multiples facettes (« Les eaux du Gouffre aux tortues »). Car avec April Fishes, rien n’est jamais acquis. C’est au moment même où le rythme et/ou la mélodie semble(nt) avoir trouvé leur voie de croisière royale qu’un membre du quartet s’amuse à tracer un nouveau chemin, tout aussi intéressant… On rassure les aficionados de la belle mélodie : rien d’insurmontable, rien d’insupportable ici. Il ne sera pas nécessaire de multiplier les écoutes pour accomplir ce beau voyage abyssal. Par contre, nous prendrons notre temps pour remonter à la surface !
Joseph « YT » Boulier