Atlantique Jazz Festival ‐ 20e édition : Le Brest of

Atlantique Jazz Festival ‐ 20e édition : Le Brest of

Nous fêtions cette année la vingtième édition de l’Atlantique Jazz Festival qui s’étendait du 6 au 22 octobre avec une fin en apothéose à Brest. Compte-rendu.

Brest © France Paquay

Journée 1 ‐ Vendredi 20 octobre

Le trajet vers Brest ne fut pas une longue ligne de rails tranquille. Mais une fois arrivé en gare de la ville portuaire, toute l’activité du festival se trouvait à portée d’une note bleue, au pire à portée de tram… La salle du Vauban où nous assisterons à quatre concerts se trouve au sous-sol de notre hôtel… Pratique !

Ava Mendoza © France Paquay

C’est la guitariste new-yorkaise Ava Mendoza qui ouvre notre festival (pour rappel, celui-ci a démarré par une programmation itinérante deux bonnes semaines plus tôt…). Le CV de cette artiste est plutôt impressionnant ! Dans sa carrière démarrée il y a un peu plus de dix ans, elle a déjà côtoyé des légendes : Fred Frith, John Zorn, Hamid Drake, Nels Cline, … Excusez du peu ! Ici à Brest, c’est en solo que la jeune quarantenaire a décidé de nous envoûter. Sa personnalité, son ampli, sa guitare électrique – uniquement électrique – parfois sa voix et rien d’autre. Sa musique est un uppercut au foie, un blues poisseux, aux frontières du noise… Public conquis.

Nous nous entretiendrons avec Ava Mendoza dans la foulée du concert. L’interview sera publiée sur le site de JazzMania dans le courant du mois de décembre.

Angles © France Paquay

Lorsque nous sommes retournés dans la salle, les Suédois d’Angles avaient déjà entamé les hostilités depuis un moment. « Hostilités » n’est en fait pas le bon mot. Ces Vikings-là sont plutôt sympas, emmenés par le saxophoniste Martin Küchen depuis près de vingt ans. Un sextet saxophone / trompette / trombone / vibraphone / contrebasse / batterie qui distille une musique jazzy / swing avec de gros morceaux de folk balkanique dedans. Succès public à nouveau.

Journée 2 ‐ Samedi 21 octobre

Les bourrasques et la pluie ont agressé les fenêtres de notre chambre d’hôtel durant toute la nuit. Et ces conditions climatiques se sont prolongées durant toute la journée, sans répit. Qu’importe, nous ne reculerons pas ! Direction Les Capucins, un vaste hangar lumineux dédié aux rencontres, aux familles et à la culture, situé au bout d’une ligne de téléphérique qui surplombe le port militaire. Là-bas, nous assistons à une répétition : le septet de souffleurs Kill Your Idols invite à cette occasion une vingtaine de musiciens amateurs locaux (et souffleurs eux aussi) à se joindre à eux pour répéter un titre tiré du répertoire du groupe noise Sonic Youth. Le résultat est tout simplement bluffant… Il sera reproduit dans l’après-midi, en fin d’un concert durant lequel cette fanfare enragée nous aura servi du Sonic Youth comme vous ne l’auriez sans doute jamais imaginé. A voir !

Répétition Kill Your Idols © France Paquay

Kill Your Idols aux Capucins © France Paquay

Retour au Vauban pour une soirée contrastée. C’est d’abord le quintet Bell qui monte sur scène, emmené par le tromboniste Fidel Fourneyron. Ça chaloupe, les popotins balancent un peu. Rien de bien transcendant, rien de bien ennuyeux non plus. Un tuba en guise d’infrabasse, des vents, un synthétiseur… curieux, sinon hors propos. On aurait pu se demander s’il était vraiment nécessaire de retirer les chaises dans la salle… Mais nous en devinions un peu la raison…

Bell ‐ Fanny Meteier © France Paquay

Sans transition, les fêlés d’Édredon sensible investissent la scène. Deux batteurs, deux saxophones (ténor et baryton). Nous y reviendrons plus en détail la semaine prochaine. Est-ce du jazz ? Oui, si on s’en tient à l’instrumentarium, à la progression insensée des morceaux (qui peuvent facilement dépasser le quart d’heure) … Une fois la transe atteinte, c’est à un véritable show de techno acoustique que l’on assiste. Délire collectif !

Edredon Sensible © France Paquay

Journée 3 ‐ Dimanche 22 octobre

Le soleil brille ce matin ! La veille, le ciel a sans doute déversé tout ce qu’il pouvait contenir en eau… Il est à sec (mais croyez-moi, il n’a pas dit son dernier mot !). Brest, ce sont aussi les promenades en bord de rade, avec le port militaire en dessous, le port de plaisance aussi, en face duquel on vous sert des assiettes d’huîtres et des sardines grillées à l’ail des ours. En début d’après-midi, Anaïs, l’attachée de presse du festival nous convie à parcourir les alentours, jusqu’au phare de Saint-Mathieu qui se dresse face à l’Océan, tout au bout du Finistère.

Saint-Mathieu © France Paquay
Henri Texier © France Paquay

Retour en ville pour un dernier double set organisé dans la salle Mac Orlan. Une salle copieusement remplie qui accueille en premier lieu le trio vocal Maaar, à moins que ce ne soit l’inverse ? Trio local aussi, bien qu’il soit composé de trois jeunes femmes issues de cultures différentes (l’Amérique latine, l’Espagne et la Bretagne bien sûr) qu’elles mettent en commun avec originalité. Et ce sont bien elles qui nous accueillent dans leur univers folklorique, durant une heure. Conventionnel, sans doute, mais efficace, indéniablement.

Maaar © France Paquay

Enfin, en clôture de cette vingtième édition, on retrouve la gouaille, la bonne humeur et le savoir-faire d’un Henri Texier toujours aussi jeune. Le contrebassiste est entouré pour cette occasion de son fils Sébastien (saxophone, clarinette) avec lequel il a enregistré « Heteroklite Lockdown » paru l’année dernière, mais aussi du batteur Gautier Garrigue « qui les a rejoints dès que cela a été permis ». Au répertoire, quelques titres originaux (parfois très anciens) et quelques standards connus de tous (« Bésame Mucho » immortalisé par Dalida mais que l’on doit bien à une pianiste mexicaine, Consuelo Velázquez qui a composé cette chanson dans les années 30, « ‘Round Midnight »…). Public enthousiaste, cela va de soi !

L’Atlantique Jazz Festival s’achève ici. Douceurs et démangeaisons se sont succédé avec équilibre, avec bonheur, voire avec la maturité d’un adolescent qui a bien grandi. Prêts pour une troisième décennie ?

Merci à toute l’équipe du Festival et aux bénévoles pour leur accueil chaleureux. Merci en particulier à Anaïs pour l’accompagnement.

Yves Tassin