Atte Aho : Atte Aho
Largement méconnu hors de sa Finlande natale, le jeune guitariste Atte Aho sort un premier album sans titre qui se rattache à la fusion, non pas celle débridée des années 70, mais plutôt une fusion lustrée, mélodique et plus accessible, telle qu’on la joue depuis la fin des années 80. Entouré d’un quartet comprenant un claviériste (Kasperi Kallio), un bassiste (Mikko Kuorikoski) et un batteur (Johannes Pakkala), le leader offre huit compositions originales dont la plupart sont interprétées sur un tempo medium. Sur une vidéo YouTube on voit Atte Aho jouer « live » le titre « Labyrinth », premier morceau de son disque, sur une « Solid Body » Ibanez, une marque qui fut jadis adoptée par Frank Gambale avant qu’il ne signe avec Yamaha. Le son plein et épais, typique d’une « solid body », est plus « rock » que « jazz », évoquant celui de Frank sur certains titres des années 90 comme « Pathfinder » (1993) ou « Forgotten But Not Gone » (1990). Par ailleurs, à l’instar de Frank, Atte Aho apprécie aussi énormément la mélodie et sait comment écrire des thèmes attachants autour desquels vont s’articuler ses improvisations.
Le leader a également inclus quelques belles ballades comme « Guidance » : la guitare, qui se fait plus moelleuse, fluide et vagabonde, s’insinue alors avec douceur dans l’harmonie de la chanson, partageant les chorus avec le piano dont les notes tombent en gouttes de pluie. Dans un registre également différent, « Bangkok Nights » est une musique aérienne, très atmosphérique, emmenée par une rythmique binaire sur laquelle le guitariste déploie ses ailes, étirant ses notes comme des franges de brume.
Ce premier album en forme de carte de visite fournit une bonne idée du talent et de l’éclectisme d’Atte Aho. A découvrir en particulier si vous appréciez le style jazz-rock, sonorités incluses, de Frank Gambale à ses débuts, voire de Daryl Stuermer ou de Bill Connors dans ses disques électriques en solo des années 80.