
Band of Dogs : Band of Dogs III
Qu’il est réjouissant d’écouter cette « bande de chiens » (Band of Dogs). Du genre chiens méchants, pas des toutous à sa mémère… Tout part d’un projet de deux musiciens formant une des sections rythmiques les plus déjantées en France. En 2015, Philippe Gleizes (batterie) et Jean-Philippe Morel (basse et effets spéciaux) eurent l’idée de partager la scène du Triton (sûrement le club parisien le plus aventureux, qui édite également les albums du groupe) avec des invités aussi allumés que le duo, invités différents à chaque concert et cela à quelques reprises, dans un court laps de temps. Sur le premier album (enregistré en 2015), on découvrait la trace des rencontres enflammées avec des Emile Parisien, Marc Ducret, Médéric Collignon, Vincent Peirani ou encore Thomas De Pourquery. Un 2ème album, enregistré selon le même principe (live avec leurs amis Parisien, Peirani, De Pourquery, mais aussi Théo Ceccaldi ou Andy Emler) sortit en pleine pandémie en 2020 et passa assez inaperçu.
Et voici le 3ème volet de ce projet, enregistré entre octobre 2020 et février 2021, qui devrait également être le dernier. Toujours cette idée similaire aux deux albums précédents : un concentré des joutes, toujours aussi endiablées, avec des hôtes les plus divers. Au programme de ces nouvelles aventures, des dialogues, souvent en trio, avec Thierry Eliez (il sort de ses claviers des sons vintage qui peuvent faire penser à un Keith Emerson, à qui il vient de rendre hommage dans un très bel album ; lorsque Eliez se met à chanter, le rapprochement avec Magma, dont il fait partie, est évident), Emmanuel Borghi (lui aussi provenant de la galaxie Magma, avec, lui aussi, des sonorités de claviers très prog années 70), Julien Desprez (guitariste avant-gardiste, dont on se souvient, entre autres, de sa collaboration avec Farida Amadou), Fabrice Martinez (ses interventions à la trompette ou au bugle peuvent être lyriques, mais aussi dans un registre plus free), Laurent Bardainne (saxophoniste ténor, vieux compagnon de route de Philippe Gleizes et de Thomas De Pourquery) ou Claudia Solal (admirable dans ses vocalises en complément-contraste avec le chanteur-rappeur Mike Ladd). Mais c’est bien ce dernier, Mike Ladd (rappeur américain, adepte du spoken word) qui embrase le plus souvent cet album. Présent sur neuf des treize pistes, il scande ses paroles sur un rythme souvent ensorcelant (parfois aux frontières du punk). Tous ces éléments apparemment hétéroclites donnent un album très expérimental, indéfinissable (il y a du prog, de l’électro, de l’improvisation, …), mais extrêmement jouissif et jubilatoire. Idéal comme cadeau de Noël alternatif (à ne pas mettre entre toutes les oreilles).