Baptiste Castets Quintet : Patience

Baptiste Castets Quintet : Patience

Fresh Sound Records / Socadisc

C’est la marque de fabrique du label « Fresh Sound New Talent » de nous faire découvrir de nouveaux noms de la scène jazz, et le batteur français Baptiste Castets fait partie de ce vaste réservoir de talents. Tout comme ses accompagnateurs Edouard Monnin au piano et Gabriel Midon à la contrebasse, Frédéric Borey au sax nous étant plus familier avec ses belles productions « Wink » ou « Butterflies Trio » parues aussi sur le label espagnol. Aussi Sébastien Llado dont l’étendue des partages passe par Archie Shepp (et le sublime « Attica Blues »), l’ONJ de Claude Barthélemy, Yael Naïm, Thierry Maillard et bien d’autres… Pour son premier album en leader, Baptiste Castets s’est entouré de partenaires dont l’écoute est d’une des principales qualités, et si « Patience » s’est fait attendre, ce n’est que pour plus s’en délecter. « Rue de Paris » sonne comme une promenade menée par la belle sonorité du ténor de Fred Borey, une intro tout en souplesse pour un album sans esbroufe, mais qui fait du bien. La douce mélodie de « Blake » est mise en valeur par les entrelacs trombone-sax d’une tendresse à craquer, une atmosphère poursuivie dans l’enchaînement avec « Histoire de Mélancolie » où chante la contrebasse de Gabriel Midon. Les cinquante-deux secondes de « Prélude » nous conduisent quasi par la main au titre éponyme, pièce centrale du disque, mais aussi prétexte évoqué par le compositeur pour rappeler les circonstances qui ont amené à créer ces superbes compositions : et on se rend compte combien, au-delà des souffrances et des blessures, le confinement a pu conduire les musiciens à des moments de création intense. « Patience », comme l’explique Baptiste Castets, est né de ces moments étranges où, dans l’isolement, le musicien a expérimenté des sons et des idées, loin de toute agitation. Le résultat nous plonge dans une atmosphère méditative, langoureuse que traduit à merveille « Mille nuits » avec les souffles de velours conjoints du sax et du trombone. Un disque qui pousse quasi à la méditation et qui sur clôture sur un délicieux « Adios ».

Jean-Pierre Goffin