
Benjamin Lackner : Spindrift
Après avoir enregistré de nombreux albums en trio piano-basse-batterie pour divers labels, le pianiste germano-américain Benjamin Lackner sort son deuxième disque chez ECM, après « Last Decade » en 2022. Pour ce premier album sur le label munichois, Benjamin Lackner avait accueilli un souffleur, le trompettiste Mathias Eick. Pour ce nouveau projet, « Spindrift », il associe à Eick le saxophoniste ténor Mark Turner, deux musiciens qui ont déjà un long parcours chez ECM. Est-ce donc surprenant si l’esthétique de ce disque fait penser aux atmosphères propres à ce label ? Ceci étant dit, voici un bien beau disque aux ambiances délicates, voire mélancoliques, où Benjamin Lackner a tendance à vouloir mettre en évidence le concept de groupe. C’est ainsi que les solos sont peu nombreux et assez courts. La trompette et le saxophone sont mis en avant et on a plus d’une fois l’impression que c’est un disque de souffleur plus que d’un pianiste : que ce soit dans leur jeu en harmonie ou lors de brillants dialogues, Eick et Turner donnent le ton au disque. La retenue apparente de Lackner et de la section rythmique (Linda May Han Oh à la contrebasse et Mathieu Chazarenc à la batterie) sert justement à l’esprit de groupe, ce qui ne signifie cependant pas que des fulgurances de ces musiciens soient absentes (par exemple le piano dans le titre éponyme ou la contrebasse dans « Ahwahnee »). Donc, au final, une œuvre bien équilibrée, subtile, lyrique, où la mélodie est privilégiée et qui pourrait plaire à un nombreux public.