Matthias Van den Brande : Fields of Color

Matthias Van den Brande : Fields of Color

Fresh Sounds New Talent

Dès ses débuts discographiques, le saxophoniste s’est révélé comme un artiste à la personnalité hors des sentiers battus. « The Future Is Now » enregistré avec le Brussels Jazz Orchestra en était déjà un exemple. A suivi « Opus#1 » alliant son quintet jazz à un quintet à vent classique, deux projets dévoilant déjà une curiosité artistique inspirante. Certes, Mathias Van Den Brande n’est pas le premier musicien à s’inspirer d’œuvres picturales, mais son approche de Rothko et d’un art visuel, relève autant de l’introspection que de la simple admiration esthétique. Pour développer sa palette sonore, le saxophoniste fait confiance à Tijs Klaassen à la contrebasse et à Wouter Kühne à la batterie, deux fidèles compagnons auxquels se joint le trompettiste Jean-Paul Estiévenart. Avant toute chose, il faut lire le livret accompagnant le disque, complément indispensable à l’écoute, où le saxophoniste développe son admiration pour le peintre ainsi que sa démarche pour chaque titre. L’album s’ouvre sur un partage de sonorités entre le sax et la trompette, les deux souffleurs se croisant par la suite dans un solo coloré soutenu par l’accompagnement décalé de Klaassen et Kühne, une mise en marche brillante à un parcours dans l’œuvre de Rothko. Changement d’atmosphère avec « Seagram Murals » planant et introspectif avec l’utilisation de sonorités électroniques. « Chapel 1 » voit Jean-Paul Estiévenart propulsé par une rythmique très inspirée. Les dix minutes de « Trickling Stardust » atteignent un sommet dans l’art du développement d’une œuvre quasi picturale, chacun apportant ses touches personnelles ; écouter le jeu souvent décalé de Tijs Klaassen est déjà en soi une petite merveille, le duo sax-trompette atteignant son paroxysme à la septième minute. Tout aussi poignante, est l’impro bruitiste « Aelion Harp » introduisant « The Subway » à la manière de Gery Mulligan et Chet Baker, un clin d’œil sans doute à une histoire du jazz qui a forgé la personnalité d’un saxophoniste à suivre urgemment.

Jean-Pierre Goffin