Benjamin Sanz Directions : Black Seeds
Sideman renommé (David Murray, Archie Shepp, Oliver Lake…, etc.) et fondateur de plusieurs projets, le batteur et compositeur Benjamin Sanz a sorti deux disques sous son nom, « Mutation Majeure » en 2011 et « The Escape » en 2020, avant d’enregistrer celui-ci qu’il dédie plus spécifiquement aux musiques noires, à toutes les « Black Seeds » qui ont nourri son imaginaire et son amour pour le jazz. Benjamin officie au sein de Directions, un quintet international qui comprend le pianiste Rob Clearfield de Chicago, le trompettiste Hermon Mehari, natif de Kansas City, le saxophoniste ténor cubain Ricardo Izquierdo et le contrebassiste italien Luca Fattorini, tous aujourd’hui basés en France. Sans prétendre changer le cours de la musique qu’il affectionne, le groupe en explore tous les recoins avec fraîcheur et intelligence. L’album est conçu comme une suite homogène de thèmes originaux et accrocheurs qui s’enchaînent à la perfection, créant un répertoire qui s’écoute d’une traite de la première à la dernière note. Certaines pièces sont légères, comme « River », une improvisation en apesanteur qui donne un sentiment de flottement, ou « The Psychopomp », rumination sur le souvenir de personnes absentes. D’autres sont plus animées à l’instar de « Bamako Stomp » basé sur un rythme de fête malienne ou encore « Morning Song » et « Sea », les deux seuls morceaux véritablement hard-bop du disque. Les solistes ne cherchent pas à briller, construisant ensemble un univers musical raffiné, sans excentricité et souvent apaisant. En ce sens, Directions sonne plus comme un collectif que comme une association d’individualités. Quant au leader, sa frappe claire et précise dynamise la musique, mais sans emphase ni maniérisme, préférant consolider l’équilibre d’un ensemble qui tourne comme une horloge suisse.