Bento Box Trio: Somehow I Lost My Way

Bento Box Trio: Somehow I Lost My Way

Fjordgata Records

Quel plaisir de découvrir une musique relativement originale, jouée par une formation à la composition singulière. Ce trio, formé en 2019, qui nous vient de Norvège, réunit de jeunes musiciens issus de la nouvelle génération jazz scandinave, à savoir, la violoniste Tuva Halse, le pianiste Benjamin Gisli Einarsson et le batteur Oyvind Leite. A eux trois, ils ont composé les dix titres qui figurent sur leur second album et sur certaines plages, ils ont invité un contrebassiste et une saxophoniste qui place aussi une intrigante voix dès que l’occasion lui en est donnée. Le violon est l’instrument qui occupe principalement l’avant-plan de leur musique. Ses cordes sont frottées ou pincées et les sonorités émises passent de quasi-murmures à des envolées plus puissantes. Les compositions alternent / mélangent l’improvisation avec des impulsions proches de la musique classique traditionnelle, mais aussi celles du classique contemporain, sans oublier une infime pincée de jazz manouche. Les constructions se veulent parfois atmosphériques, quelques fois mélodiques en jouxtant jazz et classique (le très beau « Meta » placé en ouverture mais aussi « Endings »). La plage titulaire se veut beaucoup plus âpre, ce que confirment des titres comme « Zwei Bar Strasse » ou « Svedjan Revisited » parsemés de sons étranges, de bruitages incongrus, de déstructures. Sans oublier cette voix difficile à décrire et proposée avec parcimonie : disons qu’elle émet des bruits, des cris et des sons particuliers ! Mais le trio nous propose aussi une autre facette de sa musique qui, elle, se décline d’une manière douce, limpide, cristalline, fragile. « Suite » en est un bel exemple. Offrant ainsi un fameux contraste avec l’intensité et le côté free jazz joués sur d’autres titres. Au final, Bento Box Trio se révèle être un passionnant, voire excentrique, collectif qui officie dans un créneau relativement inédit. Un créneau qui captive, séduit, interroge et déconcerte. Que demander de plus ?

Claudy Jalet