Big Red Machine: How Long Do You Think It’s Gonna Last ?

Big Red Machine: How Long Do You Think It’s Gonna Last ?

Jagjaguwar / Konkurrent

Il n’y pas d’équivoque : le titre de cet album est bien en rapport avec la crise sanitaire actuelle. On imaginerait les « stars » au-dessus du lot, il semblerait que non. Big Red Machine est ce qu’on pourrait appeler un super duo, par opposition à super groupe ! Il est formé d’Aaron Dessner (The National) et de Justin Vernon (Bon Iver) et après un premier essai assez confidentiel, celui-ci possède tout d’un cd apte à conquérir un large public. Disque pour lequel le duo a rameuté du beau monde, essentiellement des chanteurs avec qui ils avaient déjà collaboré voire produit des albums : la folk singer américaine Anaïs Mitchell (proche de Bon Iver et présente sur trois titres), les indies folkeux de Fleet Foxes, la star multi-récompensée Taylor Swift (Aaron Dessner a produit son dernier album « Evermore »), Sharon Van Etten, Ben Howard, les indies folk rockeurs anglais de This Is the Kit. Sans oublier quelques autres, moins étoilés, mais toujours issus du même créneau : Ilsey, Naeem, My Brightest Diamond, La Force ! Ce disque est généreux dans le sens où il nous propose quinze morceaux composés par le duo, sur lesquels ils vont laisser des places de choix à leurs invités. Ces présences sur dix titres rendent-elles pour cela l’album essentiel ? Oui et non, c’est selon nos affinités. J’apprécie énormément quand le duo s’en va côtoyer l’univers de CSNY (« Reese »), Jackson Browne (« Phoenix ») et nous délivre une belle country pop US avec de superbes voix ou des chœurs tout aussi efficaces. Ces chansons sont assez immédiates, mélodiques, mélancoliques, certaines calibrées pour les charts (« Renegade ») et convoquent le bonheur. Ecoutez aussi ce fantastique « The Ghost of Cincinnati » avec une guitare un peu ethno ou « Birch » et son côté world à la Peter Gabriel. Çà, c’est du tout bon. Mais certains titres partent aussi dans le digital, l’électronique… Il y a même le sempiternel vocoder sur « Easy to Sabotage » et là ça sent plus le copinage, le petit plaisir entre amis en temps de confinement. Personnellement je me serais satisfait d’un cd plus court sans certains de ces invités prestigieux et sans ces sonorités qui se la jouent « air du temps » pour satisfaire beaucoup plus de monde. Qui n’adhérera certainement pas à leur belle indie folk qui est quand même leur ADN. Terminons par la conclusion : il y a quand même nettement plus de positif que de négatif sur cet album.

Claudy Jalet