Bill Stewart, Space Squid
Bill Stewart, Space Squid (Pirouet Records)
Bill Stewart fait incontestablement partie des meilleurs batteurs de la scène américaine actuelle : il allie précision et invention, sobriété et expressivité. Le vrai talent d’un batteur ne se mesure pas, à mon sens, à la longueur de ses solos mais à l’aune de sa faculté à réellement galvaniser les solistes, à les placer sur une vraie lampe de lancement. Cela, Bille Stewart le démontre depuis plus de 25 ans, que ce soit au sein du quartet de John Scofield (album “Meant To Be”, avec Joe Lovano et Marc Johnson, dès 1990) mais aussi aux côtés de musiciens aussi variés que Tim Hagans (“Beautiful Lily”) ou Larry Goldings (“Ramshackle Serenade”) comme au sein de ce double trio hors normes de Joshua Redman (Dinant Jazz Nights de 2010, en compagnie de Greg Hutchinson et des bassistes Matt Penman et Reuben Rogers). Il a aussi été le véritable pilier de toute une série de piano-trio, en compagnie de Bill Carrothers, Marc Copland (“Night Whispers”, “Modinha”) ou Franck Amsallem (“Out A Day”). Pour cet album personnel, il retrouve trois vieux complices : le saxophoniste Seamus Blake qu’il a croisé notamment pour l’album “The Call” (avec Kevin Hays, Kurt Rosenwinkel et Larry Grenadier), le pianiste Bill Carrothers avec qui il a gravé les albums “Joy Spring” et “Home Row” et le contrebassiste Ben Street qu’il côtoie au sein du nouveau quartet de John Scofield. Au répertoire, dix compositions originales et la ballade Dancing In The Dark de Arthur Schwwartz et Howard Dietz. S’il est peu enclin à prendre des solos (une exception pour Tincture, après un bref solo de contrebasse), il a l’art de stimuler ses deux solistes : le soprano incisif (Drop Of Dusk, Dead Ringer) et le ténor rageur de Seamus Blake (Tincture ou Space Squid joué en trio sans piano) comme les envolées mélodiques de Bill Carrothers If Anyone Asks You, Paris Lope). Mais il sait aussi offrir un véritable écrin à ses solistes sur des tempos moins enlevés (Septemberism, Blue Sway), des atmosphères plus mystérieuses (End Of Earth) ou la très belle ballade Dancing In The Dark. Un album passionnant de bout en bout.
Claude Loxhay