Blueblut : Lutebulb
J’avoue que je ne connaissais pas ce groupe autrichien, dont ceci est déjà le cinquième album en dix ans d’existence. Et c’est vraiment une belle découverte pour peu que vous aimiez les dissonances, les perturbations. Issu de la scène underground viennoise, le groupe est composé de la chanteuse américaine Pamela Stickney au theremine (auparavant elle a joué avec David Byrne, Yoko Ono, et son premier album solo a été publié sur le label de John Zorn) du guitariste bidouilleur Chris Janka (créateur du label) et du batteur, percussionniste, chanteur Mark Holub. Le trio joue une musique avant tout expérimentale qui se frotte à différents styles musicaux. Il y a de l’avant-rock déjanté, de l’électronique, de la lo-fi typée années nonante et U.S., du jazz essentiellement dû au jeu du guitariste, de l’improvisation, du krautrock, une pointe de ska en introduction et les sonorités du theremine lient le tout avec des modulations assez space, noisy, étranges. Sur le très long « Arrobark », on passe du Sonic Youth à Can avec des distorsions à la guitare proches de Pavement et, pour justifier le titre, on rajoute des aboiements ! Sur d’autres plages, on pense à John Zorn, à Mr Bungle, à Henry Cow… Et le tout se termine sur le déjanté « Kaktusgetränk » où le trio martyrise le classique « Tequila » de The Champs ! Et justifie le titre allemand ! Au début, on pense à un croisement entre les Cramps, B 52’s et les Feelies, mais bien vite l’expérimentation, les délires reprennent le dessus. Et il nous faut bien reconnaître que c’est assez jouissif. Blueblut se révèle être un groupe intriguant, créatif, prospecteur et improvisateur. Aussi bien en maltraitant le rock que le jazz. Mais pour notre plus grand bonheur ! Du moins, le mien.