Bobby Gentilo : Gentilo

Bobby Gentilo : Gentilo

Blue Heart Records ‐ Références catalogue : BHR/024

Lorsqu’un artiste mélange le Go-Go de Washington DC, une musique soul, blues et funk, aux racines de blues lancinant du Mississippi, le résultat est terrible. Bobby Gentilo, artiste aux multiples facettes, nous offre un magnifique album. Aussitôt terminé, on appuie instinctivement sur la touche « repeat » et chaque nouvelle écoute nous réserve une nouvelle découverte.
Produit par Blue Heart Records, c’est dans son propre studio Right Coast Recording en Pennsylvanie que la magie opère lorsqu’il enregistre « Gentilo », un album de dix titres originaux au groove contagieux qui fait bouger le corps et l’âme. Auteur-compositeur-interprète, guitariste et producteur, Bobby Gentilo passe plusieurs années dans le Mississippi à écouter, à apprendre et à jouer avec des légendes du Delta telles que T-Model Ford, Willie « Big Eyes » Smith, Robert Bilbo Walker. Gentilo continue à s’y produire tous les ans, lors du Juke Joint Festival, aux côtés de R.L. Boyce. Il est également membre des Cornlickers, groupe qui accompagnait le grand et regretté Big Jack Johnson. On peut, sans exagérer, dire que Bobby est un artiste complet. Multi-instrumentaliste, on le retrouve ici à la guitare, au chant, à la basse, au moog, à la batterie et aux percussions.

D’entrée de jeu, l’album nous régale avec un « Disease » aux guitares grinçantes, avec une basse qui gronde, suivi par l’entraînant « Peace Train » sur lequel on commence calmement à taper du pied pour finir en transe, sur des riffs de Hill Country Blues avec l’orgue B3 de Benjie Porecki qui résonne. Puis vient une ballade « Tell Me » portée par le saxophone baryton de Logan Kurtek qui nous enveloppe, jusqu’au bouillonnant single de l’album « Troublin’ », un boogie qui met tous nos sens en éveil et qui provoque une seule envie, celle de se rendre au Red’s Lounge, le dernier Juke Joint de Clarksdale, pour y entendre cette chanson en live et danser jusqu’au bout de la nuit. Suit « Ghost », un instrumental fougueux sur lequel la guitare de Gentilo plane aux cotés des rythmes classiques de Go-Go du batteur Jason Hoffheins. Puis « The Greatest », une ballade néo-soul suivie d’un blues emmené par des cuivres « The Real You ». Retour au blues du Delta avec « Treat Me So Mean » dans lequel ce grand charmeur demande à une femme pourquoi elle le traite de la sorte alors qu’il l’a toujours considérée comme une reine. Tony Ryder et Gentilo, tous deux membres des Cornlickers et grands complices, improvisent à la basse et à la guitare avec des riffs blues grunge sur l’instrumental « Tire Fire ». « Higher » clôture cet album avec des guitares hypnotiques de Hill Country Blues et les trois batteries de Dale Wise, Christy Engel et Bobby Gentilo, pour nous livrer des rythmes endiablés. « Gentilo » est un premier album haut en couleur, mettant en valeur des musiciens excellents ainsi que la voix ténor de Bobby Gentilo qui brille durant quarante minutes, sans oublier un groove indéniable… Le début d’une longue série, je l’espère.

Lola Reynaerts