Borderlands Trio : Rewilder
Un trio qui correspond parfaitement à la vision d’Intakt. Cette fois-ci, avec un double CD. A quoi faut-il s’attendre ? Sur le CD 1, cinq chansons variant d’une durée de six à dix-huit minutes. Le CD 2 ne contient que trois titres, mais d’une durée de treize, seize et vingt-trois minutes. Dans ce laps de temps, le contrebassiste Stephan Crump, la pianiste Kris Davis et le batteur Eric McPherson font ce qu’ils font le mieux, c’est-à-dire dialoguer selon les règles de l’improvisation libre. Ils sont chacun à la fois émetteur, canal et récepteur. Dans la première partie, ils remplissent d’abord le silence mesuré, traînant et minimaliste. Dans « Monotreme » et « Tree Shrimp », ils brisent ce scénario mais laissent finalement l’ensemble s’éteindre doucement. Les trois morceaux de la deuxième partie reposent davantage sur une base rythmique et sont légèrement plus élastiques, mais enrichis et complétés par des passages lyriques. C’est surtout le jeu de piano percussif et répétitif de Davis, dont le son rappelle déjà celui du gamelan, qui définit la couleur principale de « Lost Species ».
Nous entendons ce qui a été joué lorsque le trio s’est retiré dans le studio Big Orange Sheep à Brooklyn le 24 mai 2023. Il n’y a pas eu d’overdubbing ou de cut up par la suite. La technique du « cadavre exquis », mais avec des musiciens dotés de capacités télépathiques. Une suite digne de « Asteroidea » (2017) et « Wandersphere » (2021), également parus chez Intakt.
Traduction libre : Luc Utluk