Boris Boublil – Mù : 93 Manifesto
Nous vivons une époque où la norme des associations, des collaborations, des projets « one shot » entre musiciens, de divers univers parfois, est devenue monnaie courante. C’est encore le cas avec ce Mù instigué par Boris Boublil qui rêvait depuis longtemps à la forme que prendrait son groupe idéal. Il l’aurait donc trouvé ici. Le claviériste guitariste français (sideman entre autres de Dominique A, Bertrand Belin, Peter Von Poehl ou Emily Loizeau), féru d’instruments électriques vintage, s’est entouré de musiciens tout aussi curieux que lui et a convié le guitariste producteur John Parish (PJ Harvey) et le batteur Sacha Toorop, pour les plus connus, afin de le seconder, notamment à la production pour Parish. Au final, Mù est composé de neuf musiciens talentueux qui, outre ceux nommés ci-dessus, officient au violon, à la contrebasse, à la clarinette, au saxophone et à la trompette. À noter aussi parmi les instruments, la présence d’un chamberlin, le précurseur du Mellotron et sachez que ces musiciens sont issus du rock, du jazz et du classique contemporain.
À l’exception d’un titre, l’entraînant « Star superstar » les musiques sont instrumentales et nous font penser à des bandes-son de films que vous pouvez vous rêver ou à des voyages dont vous créerez vos propres images, votre propre vitesse de déplacement en leur sein. Une musique mélancolique, aventureuse, rêveuse, rock et orchestrale, aux accents jazzy, parfois free, apportés par les cuivres, mais une musique qui exclut les démonstrations et les solos inutiles. Même si chacun a la faculté de se mettre en valeur, c’est toujours au service de l’ensemble, de la composition qu’il agit. Embarquez-vous dans cet univers doux, vaporeux, captivant, parfois perturbant, voire strident, dont les lignes mélodiques ou des semblants de refrains vous happent. Une harmonieuse musique qui vous prend par la main et vous convie à la suivre sur les pistes qu’elle vient de défricher. Original, sensible et passionnant. Du grand art.