Ça Jazz à Huy 2024

Ça Jazz à Huy 2024

Depuis deux ans, les nouveaux organisateurs semblent avoir stabilisé leur base et trouvé une intéressante formule qui leur permet de couvrir plusieurs pans du jazz. Dans un lieu magnifique, confortablement assis, un serveur peut vous apporter votre boisson ou une planche apéritive même pendant le concert et sans déranger.

Déjà présente au festival en 2023 au sein d’Iota et après un album de reprises « Tenderly » en compagnie de Charles Loos et Jean-Louis Rassinfosse, Valentine U nous offrait une avant-première avant la sortie, cet automne, de son premier ep « Thanks for the roses ». Accompagnée d’un trio claviers, basse, batterie, c’est de sa magnifique voix qu’elle nous a immiscé dans son tendre univers pop jazz limpide, aux textes poétiques et pourvu de nombreuses vocalises. A l’exception du plus énergique « Born again » que lui a inspiré le film Matrix ! Où de celui, amusant, sur lequel elle avoue son amour pour les pâtisseries, les douceurs, les desserts ! Elle nous proposera aussi deux reprises : « Roses Blue » de Joni Mitchell et « Black Narcissus » (de Flora Purim je pense…) ainsi qu’un titre en français avant de nous jouer, en rappel et seule à la guitare électrique, la plage titulaire du futur EP. Que nous espérons vous présenter d’ici quelques mois même si cette sortie n’est prévue qu’en digital.

Le lendemain place à NO Steam le groupe créé par le pianiste Igor Gehenot et le guitariste Fabrizio Graceffa. Un ensemble imposant qui comprend aussi trois cuivres, une section rythmique et un DJ qui introduira le concert par un titre hip-hop bien pulsant ! Ensuite place à un jazz rock funky et groovy. Mais sur ces rythmiques bien fun, bien communicatives (le public a tapé des mains !), le groupe possède la faculté de placer de belles lignes mélodiques. Et il sait aussi apporter d’autres petites touches originales notamment via une guitare psyché sur « Carbo 14 », des scratchs efficients, un peu de prog aux claviers et carrément un jazz bluesy en fin de concert. Après toute cette énergie, notamment des cuivres et ces convocations à la danse, c’était une belle façon de nous laisser.

La troisième soirée voyait le duo du pianiste Ivan Paduart et du guitariste Patrick Deltenre se produire de nouveau à Huy. Mais c’était dans un autre lieu et en dehors de « Ca Jazz ». Etaient-ils conscients du fait que cette fois ils se sont fait accompagner de Nic Thys à la contrebasse (il était aussi dans No Steam le jour précédent, mais à la basse) et de Michel Seba (de Slang dont on va fêter les 25 ans !) aux percussions ? Un concert de jazz traditionnel, lumineux, étoffé vers le remuant par les invités rythmiques. Des titres issus de l’album « Inner travels », mais pas que… Nous eûmes droit à de virtuoses chassés-croisés entre piano et guitare, à un « Pigeons » émouvant, dédié aux parents de Patrick, qui y alla aussi d’un petit coup d’harmonica bien belge, bien Toots. Une prestation séduisante pour un public dévoué à ce jazz classique.

Claudy Jalet