Charlie Musselwhite : Mississippi Son

Charlie Musselwhite : Mississippi Son

Alligator Records ‐ Références catalogue : ALCD 5009

Né le 31 Janvier 1944 à Kosciusco, Mississippi et élevé par sa mère seule, Musselwhite a grandi à Memphis dans une ambiance blues, hillbilly et gospel, diffusée par la radio et pratiquée par des musiciens de son voisinage. Fasciné par le blues, il apprit à jouer de la guitare et de l’harmonica, puis croisa la route de musiciens locaux comme Elvis Presley, Johnny Cash et surtout Furry Lewis, Will Shade et Gus Cannon. En 1962, comme tant et tant d’autres, il alla s’installer à Chicago et fréquenta les bars des quartiers noirs, se liant d’amitié avec Walter Horton (son mentor) et devenant co-locataire de Big Joe Willams avec lequel il enregistra en 1969 pour Arhoolie. Avant cela il avait enregistré avec W. Horton pour Vanguard Records en 1965, et gravé son premier album sous son nom pour la même compagnie en 1967. Musselwhite a côtoyé et joué dans les clubs avec tous les grands noms du blues à Chicago, de Little Walter, Howling Wolf et Magic Sam, à S. B. Williamson 2, Muddy Waters, Earl Hooker, Jimmy Reed et bien d’autres encore. Toute sa carrière s’est poursuivie sous les mêmes auspices, gravant une bonne trentaine d’albums sous son nom et d’autres, en guest ou en duo, avec Bonnie Raitt, les 5 Blind Boys of Alabama, Tom Waits, etc… Et bien sûr il a remporté de multiples distinctions.

La boucle est bouclée. Après un long séjour en Californie, il est revenu aux sources, s’installant à Clarksdale, Mississippi où, à 78 ans, il a gravé un nouvel album pour Alligator avec Ricky « Quicksand » Martin aux drums et Barry Bays à la basse dans 7 des 14 faces. Un album dans lequel c’est son talent de guitariste qui est mis en exergue, sans négliger le chant ni l’harmonica évidemment. Il a composé 8 morceaux et il y a 6 covers. C’est comme un livre de souvenirs dont il tourne les pages avec nostalgie. Ce sont essentiellement des souvenirs agréables mais ils font partie du passé et, avec le recul, cela le rend mélancolique et de ce fait, beaucoup de faces sont douces-amères et en tempo lent comme « Blues Up the River » (ado, il contemplait longuement les flots du Mississippi), « In Your Darkest Hour » (une réflexion, un blues en 8 mesures), « Blues Gave Me a Ride » (comment le blues peut affecter les gens), « My Road Lies in Darkness » (en open tuning). Toujours en tempo lent, il reprend le « Hobo Blues » de Yank Rachell et le « Crawling King Snake » de Joe Lee Williams, entendus sur la radio WLAC, interprétés par John Lee Hooker. Par ailleurs, « Drifting From Town to Town » qui pourrait être un résumé de sa vie passée sur les routes, bénéficie d’un rythme plus soutenu, comme l’humoristique « Stingaree », une fille qui a du piquant (my baby is a honeybee…), en mode guilleret. Il se souvient aussi de rencontres importantes avec « Remembering Big Joe » (Williams), un morceau sur lequel il joue sur une vieille guitare de Big Joe, avec « Pea Vine Blues », repris à Charley Patton, en souvenir d’un oncle qui lui avait raconté avoir travaillé sur cette ligne de chemin de fer. Vu les thèmes abordés, certains passages sont poignants et génèrent de l’empathie.

Robert Sacre