Chick Corea Elektric Band II : Paint the World
Les Flocons d’hiver
Chroniques inédites ou les disques qui ne pouvaient pas passer à la trappe
Après « Beneath The Mask » (1991), le guitariste Frank Gambale, le bassiste John Patitucci et le batteur Dave Weckl, chacun virtuose sur son instrument, ont quitté le navire, mais Chick Corea n’en avait pas tout à fait fini avec la fusion. En recrutant de nouveaux partenaires – le guitariste Mike Miller, le bassiste Jimmy Earl et le batteur Gary Novak – tout en gardant le saxophoniste Eric Marienthal, il met rapidement sur pied un Elektric Band II et enregistra dans la foulée ce Paint the World sorti en 1993. Les nouveaux noms n’ont pas l’aura de leurs prédécesseurs, mais s’avèrent en fin de compte tout à fait compétents pour jouer la musique complexe écrite par leur leader. Pourtant « Paint the World » marque un changement de direction notable dans la musique de l’Elektric Band : abandonnant partiellement son arsenal de synthés (Yamaha KX5, Prophet VS, Minimoog et autres Roland Jupiter) dont la sonorité caractérisa la fusion des années 80, Chick s’est recentré sur le piano acoustique et le Fender Rhodes si bien que beaucoup de morceaux sonnent plus « jazz » que « jazz-rock » et sont à même de séduire un large public. En outre, le jeu lustré et plein de soul de Marienthal amène parfois la musique aux franges d’un certain « smooth jazz » similaire au morceau « Tippin’ » que le saxophoniste enregistra au cours de l’hiver 87/88 avec l’aide de son patron.
Cette réédition par le label Candid, disponible en compact et pour la première fois sous la forme d’un double vinyle, comprend un morceau supplémentaire par rapport à l’édition GRP américaine de 1993 (mais qui, en revanche, figurait bien sur les compacts vendus en Europe) : « Final Frontier ». Sur ce titre, Chick Corea revient pour une unique fois à ses chers synthés si bien que ce morceau plus fougueux et plus dans la lignée des productions antérieures dénote un peu dans le répertoire du nouveau groupe et on peut comprendre que, pour garder la cohérence du disque, il avait à l’époque été élagué de l’édition originale outre-Atlantique.