Chip Wickham : The Eternal Now
Dans un bel élan solidaire, certains puristes de la musique classique se sont empressés de jeter le minimalisme de Philip Glass (et d’autres) en pâture aux lions. Ceci sous prétexte que ses compositions trop simplistes et répétitives ne méritaient aucune considération. Que les amateurs de jazz traditionnel se gardent bien d’en faire de même aujourd’hui avec celles de Chip Wickham… comme ils l’ont déjà fait (par exemple) avec la musique de GoGo Penguin. Et croyez bien que cet exemple n’est pas fortuit ! Ceux-là ont en commun pas mal de choses. Ils partagent une volonté d’arrondir les angles avec des mélodies efficaces, voire simpl(ist)es et d’offrir à leurs auditeurs une production léchée (assurée ici par Matthew Halsall en personne). Outre par une contrebasse envoûtante (tenue par le très recherché Simon « Sneaky » Houghton), la musique de Wickham est mise sur orbite par le batteur Luke Flowers, membre du fameux Cinematic Orchestra auquel on doit une bonne partie du renouveau du jazz anglais. Ceci vous éclaire déjà, on peut le croire, sur les « New Directions of Jazz » que le leader souhaite prendre. Au fait, Roger « Chip » Wickham, alias Kid Costa dans une autre vie artistique, est un saxophoniste / flûtiste actif à Brighton. « The Eternal Now » est le quatrième album qu’il enregistre pour le compte de Gondwana Records. Sur cet album, tandis que le Fender … rôde, on peut donc repérer une rythmique implacable, quelques cordes qui éclaircissent l’horizon et l’alternance entre le saxophone et la flûte pour les solos. On peut même y « entendre des voix » (Peach sur le spiritual jazz « Nara Black »). Cet album qui vise « à offrir un refuge aux âmes perdues » selon les dires de Chip Wickham himself est juste parfait… pour ceux qui acceptent de jouer le jeu.
