Christine Ott : Time to Die
Petit à petit et mine de rien, la discographie de Christine Ott commence à prendre de l’ampleur. A son propre compte (une poignée d’albums, de « Solitude nomade » à la mise en musique du film « Tabu » de F.W. Murnau), en duo (« Nanook of the North » avec Torsten Böttcher ainsi que quelques disques sous la bannière « Snowdrops » avec Mathieu Gabry), en groupe élargi (« Foudre ! » avec Frédéric D. Oberland, Paul « Mondkopf » Régimbeau, …) ou encore en qualité de sidewoman très recherchée (les Tindersticks, Radiohead, Oiseaux-tempête, Yann Tiersen, …). Un peu moins d’un an après avoir publié les « Chimères (pour Ondes Martenot) » chez Nahal Recordings (une mise en lumière de cet instrument mythique, précurseur du synthétiseur monophonique), la musicienne strasbourgeoise réintègre le label arty mancunien Gizeh dont elle est une des figures de proue. Si il y a une situation qui doit être inconfortable pour Christine Ott, c’est bien le confinement… Elle qui ne vit que de contacts, de sentiments partagés et de complicités ! La réduire au silence et à l’isolement revient à mettre une lionne en cage… On se souvient de la carte postale qu’elle nous avait adressée en guise de vœux pour 2021 : « Vous nous manquez ! ». Ce nouveau disque est-il le reflet d’un mal-être que l’Alsacienne souhaite exorciser ? Il démarre en tout cas par les atmosphères angoissantes de sa plage titulaire « Time to Die » avec un texte lu par Casey Brown. Mais très vite, la musique néo-classique s’élève en apesanteur, composée ou improvisée. Une mélancolie prégnante se confronte à une sérénité douce. Entre moments de triste beauté ou de belle tristesse, Christine Ott effectue un nouveau balisage de son œuvre et s’affirme un peu plus encore comme une compositrice / multi-instrumentiste de grand talent (piano et ondes bien sûr, mais aussi la voix – aérienne –, la harpe, le vibraphone, …), épaulée par les mise en son de Mathieu Gabry. Si bien qu’on ne sait plus très bien qui, de la musique ou de la musicienne porte l’autre à bout de bras. Le mot de la fin, on le concédera volontiers au vidéaste/compositeur Fredo Viola qui lui a écrit : « La façon dont je vois l’album est une série de méditations assez cinématographiques sur le thème de la mort et de la renaissance. »
Yves «JB» Tassin